En pleine crise de l'automobile, Fiat et Chrysler ont annoncé mardi un accord en vue de former une alliance stratégique, à travers laquelle l'italien prendrait au moins 35% de l'américain en grande difficulté, en échange de l'accès à sa technologie, mais sans rien débourser.
Fiat, Chrysler et Cerberus, le fonds qui détient 80,1% de Chrysler, "ont signé un accord non engageant afin d'établir une alliance stratégique globale", ont-ils indiqué dans un communiqué commun.
En échange de l'accès de Chrysler à sa technologie (plate-formes, composants, moteurs moins gourmands), afin que l'américain, dont les 4x4 et "pick-up" ne correspondent plus à la demande, puisse produire de nouveaux modèles plus petits, Fiat "devrait recevoir une part initiale de 35%", ont-ils précisé.
Fiat ne déboursera pas un sou pour cette participation et il n'est pas non plus question qu'il "renfloue Chrysler dans le futur", alors que l'américain, au bord du gouffre, vient d'obtenir 5,5 milliards de dollars de l'Etat fédéral.
Il n'est donc pas exclu que le groupe de Turin (nord de l'Italie), redressé de façon spectaculaire après des années de pertes, puisse monter à terme au-delà de 35%.
Une porte-parole de l'allemand Daimler, qui détient encore 19,9% de Chrysler après avoir vendu le reste à Cerberus en 2007, a assuré que son groupe voulait toujours se séparer de cette part.
Fiat et Chrysler vont pouvoir aussi "tirer avantage de leurs réseaux respectifs de distribution", Fiat comptant faire son retour aux Etats-Unis avec Alfa Romeo et sa Fiat 500 tandis que Chrysler souhaite se renforcer en Europe, et faire des économies d'échelle.
"Compatible" avec le prêt du Trésor américain, ce partenariat est "un élément clé" du plan de relance de Chrysler, souligne le communiqué.
L'américain est le plus petit des trois constructeurs de Detroit et il est considéré comme le plus fragile. Il doit faire la preuve qu'il est économiquement viable d'ici la fin mars sous peine d'avoir à rembourser les fonds reçus.
Fiat n'aura pas attendu longtemps de son côté avant de mettre en oeuvre sa nouvelle stratégie, énoncée début décembre par son patron Sergio Marchionne.
Alors que le groupe ne croyait plus qu'aux "alliances ciblées", nouées au cas par cas, depuis son divorce avec General Motors en 2005, M. Marchionne avait expliqué que la seule solution pour faire face à la crise était de grossir en nouant des alliances stratégiques ou des mariages.
"Cette initiative est une étape clé dans le changement rapide du paysage du secteur automobile et confirme l'engagement et la détermination de Fiat et Chrysler à continuer à jouer un rôle significatif dans ce processus", a commenté M. Marchionne.
Le gouvernement italien a salué cet accord comme "une grande opportunité pour l'industrie automobile et pour l'Italie", par la voix du ministre du Développement Economique, Claudio Scajola.
Même si l'action Fiat a fortement progressé au cours de la séance après l'annonce de l'accord, avant de clôturer sur une baisse de 1,34% à 4,42 euros, un analyste interrogé par l'AFP s'est toutefois montré sceptique.
"Qu'apporte Chrysler à Fiat concrètement? Chrysler peut avoir besoin d'une gamme différente, cette partie de l'équation, on peut la comprendre" mais "je ne pense pas qu'aujourd'hui l'urgence pour Fiat soit d'avoir accès au marché américain", souligne-t-il, sous couvert de l'anonymat.
Cette alliance va aussi entraîner pour Fiat "la consolidation dans ses comptes des pertes de Chrysler", ajoute-t-il.