La note de solidité financière de l'Espagne a été abaissée lundi par l'agence Standard & Poor's (S&P), une révision qui découle de la crise économique profonde que traverse le pays et de la dégradation rapide de ses finances publiques.
La note qui évalue la capacité de l'Espagne à rembourser à long terme sa dette publique, a été révisée à "AA+" par S&P contre une note précédemment attribuée de "AAA", tandis qu'une autre agence, Fitch a, elle, maintenu son évaluation à "AAA", soit la meilleure note possible.
Le ministre de l'Economie Pedro Solbes a tenu à minimiser l'annonce de S&P, soulignant que l'Espagne jouissait encore d'une bonne réputation financière: la situation de l'Espagne "reste assez confortable", a-t-il déclaré depuis Bruxelles.
Le sévère ralentissement économique vécu par l'Espagne depuis début 2008 en raison de l'éclatement de la bulle immobilière et de la crise financière internationale, a révélé la "faiblesse structurelle" de l'économie espagnole, a jugé S&P.
Le pays qui a connu jusqu'à fin 2007 des résultats économiques éclatants, faisant des envieux parmi les pays européens, avec des taux de croissance annuels supérieurs à 3,5% et des comptes publics en excédent, a connu un retournement complet de situation en quelques mois.
Selon des prévisions diffusées lundi par la Commission européenne, l'Espagne connaîtra une récession en 2009 avec une contraction de 2% de son Produit intérieur brut et aura plus de mal que ses voisins à retrouver la croissance en 2010, avec un nouveau recul prévu de son PIB, de 0,2%.
"Les conditions économiques et financières actuelles ont mis en lumière la faiblesse structurelle de l'économie espagnole", explique S&P dans un communiqué.
L'agence n'a pas modifié la note attribuée à la dette à court terme, avec un maintien à "A-1+" et la perspective associée à ces notes a été placée à "stable", ce qui signifie que S&P ne s'attend pas à une détérioration de la situation.
S&P explique que "les finances publiques vont souffrir" face au "déclin attendu des perspectives de croissance de l'Espagne" tandis que "la réponse politique pourrait se révéler insuffisante pour contrer effectivement les difficultés" du pays.
Les comptes publics espagnols, qui étaient jusqu'à la mi-2008 en excédent, se sont progressivement enfoncés dans le rouge. La Commission européenne table sur un déficit en 2009 équivalent à 6,2% du PIB, bien au-delà du plafond de 3% recommandé par le pacte de stabilité européen.
L'agence reconnaît que l'Espagne dispose d'une marge de manoeuvre fiscale pour mettre en place une politique de relance, que n'ont pas ses voisins grâce aux excédents engrangés les années passées, mais doute parallèlement de l'efficacité de telles mesures.
Le gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero a adopté, ces derniers mois, plusieurs mesures pour relancer l'activité, avec notamment un plan de grands travaux publics doté de 11 milliards d'euros.
Mais Madrid a reconnu que malgré ses efforts, le taux de chômage --déjà en forte hausse en 2008 avec la perte de près d'un million d'emplois-- continuerait à grimper en 2009 pour s'établir à 15,9% (11,33% au troisième trimestre 2008).
La Bourse de Madrid a relativement peu réagi à l'annonce. L'indice Ibex-35 a terminé lundi en baisse de 1,45% à 8.494,8 points, en phase avec les autres places européennes.
La semaine passée, la Bourse d'Athènes avait dévissé de plus de 5% après une annonce similaire de S&P sur les notes de la Grèce. L'Espagne est, après la Grèce, le deuxième pays de la zone euro à voir sa note réduite à la suite de la crise.