Le président russe Dmitri Medvedev a menacé mercredi l'Ukraine de sanctions, en plus d'une coupure de gaz dès le 1er janvier, si Kiev ne remboursait pas ses dettes jusqu'au "dernier rouble", des paroles qui marquent une nouvelle escalade dans les relations entre les deux pays.
L'Ukraine "doit payer cet argent jusqu'au dernier rouble si elle ne veut pas que son économie, au final, se retrouve face à des sanctions et des réclamations de la Fédération de Russie", a déclaré M. Medvedev dans une interview télévisée de fin d'année.
Kiev doit encore payer d'ici au 31 décembre quelque deux milliards de dollars pour le gaz russe acheté en 2008, sans quoi son contrat avec la Russie ne sera pas renouvelé et les livraisons seront interrompues dès le 1er janvier 2009.
"Ca ne peut pas continuer! Qu'ils payent!", a lancé M. Medvedev.
Plus tôt dans la soirée, le porte-parole du géant russe Gazprom, Sergueï Kouprianov, avait jugé que les négociations avec Kiev pour le remboursement de la dette gazière ukrainienne étaient très mal engagées et que, sans un règlement, aucun contrat de livraison ne serait signé pour 2009.
"La situation n'est pas simple, elle est même critique", a déclaré M. Kouprianov, au cours d'une conférence de presse. "Et s'il n'y pas de contrat en 2009, nous ne livrerons pas de gaz", a-t-il martelé.
Il a toutefois jugé que contrairement à une précédente crise gazière, en janvier 2006, les livraisons de gaz russe à l'Europe, qui transitent à 80% par l'Ukraine, ne seraient pas cette fois menacées.
L'Ukraine dispose de suffisamment de réserves pour tenir l'hiver sans siphonner les livraisons destinées aux Européens et a une obligation contractuelle d'assurer le transit vers l'Europe, a souligné M. Kouprianov.
"Nous livrerons l'intégralité du volume de gaz destiné au transit et remplirons toutes NOS obligations envers les consommateurs européens", a-t-il également répété.
Le président russe s'est montré intransigeant mercredi vis-à-vis de Kiev à plus d'un titre, sur fond de relations russo-ukrainiennes tendues depuis la Révolution ORANGE fin 2004 qui porta au pouvoir un régime pro-occidental.
"En ce qui concerne nos relations dans l'ensemble (...) malheureusement, de mon point de vue, jamais un niveau aussi bas n'avait été atteint dans ces relations au cours de ces dernières années", a souligné M. Medvedev.
Il a reproché à Kiev son soutien à Tbilissi pendant la guerre éclair du mois d'août et accusé une nouvelle fois l'Ukraine d'avoir livré des armes et envoyé des hommes "entraînés à tirer sur les forces militaires russes" en Géorgie.
"On ne peut pas appeler ça autrement qu'un crime contre les relations russo-ukrainiennes. Cela restera toujours dans nos mémoires", a martelé le président russe.
M. Medvedev a aussi brocardé les autorités ukrainiennes, se moquant de la dispute entre le Premier ministre Ioulia Timochenko et le président Viktor Iouchtchenko, qui empoisonne l'Ukraine depuis des mois.
"Le problème est l'absence totale d'un pouvoir efficace en Ukraine. Malheureusement, l'establishment politique ukrainien se trouve en perpétuel conflit", a-t-il noté.
Moscou et Kiev s'opposent sur de nombreux dossiers, qu'il s'agisse de l'ambition ukrainienne de rejoindre l'Otan ou de la volonté de Kiev de fermer en 2017 la base de la flotte russe en mer Noire en Crimée (sud de l'Ukraine).