Le Canada a promis samedi une aide de 3,3 milliards de dollars aux constructeurs automobiles américains en échange du maintien d'activités importantes dans la province d'Ontario, première région en Amérique du Nord en terme de production de véhicules.
Le Canada et l'Ontario prêteront un total de 3,3 milliards (4 milliards de dollars canadiens) aux constructeurs américains dont 2,5 milliards (3 milliards canadiens) pour General Motors et 800 millions (un milliard canadien) pour Chrysler.
GM a aussitôt salué cet "important message de stabilité" et Ford, qui n'avait pas demandé de prêt au Canada mais une ligne de crédit, a salué cette initiative "rapide" au lendemain de l'annonce du plan américain.
Cette aide est "regrettable" mais "nécessaire", a déclaré le Premier ministre canadien Stephen Harper, assurant qu'il ne s'agissait pas d'un "chèque en blanc" pour les constructeurs automobiles américains établis au Canada.
Le plan canadien correspond à 20% de l'aide de 17,4 milliards de dollars US, dont 13,4 milliards d'aide immédiate, dévoilé par la Maison Blanche. Ce pourcentage reflète la part du Canada dans la production automobile nord-américaine.
Le maintien de ce ratio d'activités au Canada pour les constructeurs américains est une "condition fondamentale" à l'octroi de prêts, a averti M. Harper lors d'une conférence de presse à Toronto avec le Premier ministre de l'Ontario, Dalton McGuinty.
"Le gouvernement du Canada ne permettra pas une faillite catastrophique de ces grandes entreprises. Nous ferons tout le nécessaire pour qu'elles se restructurent et que le Canada maintienne sa part dans la production automobile nord-américaine", a-t-il insisté.
Les syndicats ont aussi félicité l'exigence du maintien de 20% au Canada de la production nord-américaine. "C'est une décision très judicieuse", a commenté le patron du syndicat des Travailleurs canadiens de l'automobile (TCA), Ken Lewenza.
L'industrie automobile canadienne, équipementiers compris, employait quelque 219.000 personnes en 2006, selon une étude publiée cette semaine. En 2007, 34.000 personnes en Ontario travaillaient sur les chaînes de montage des "trois grands" américains, contre un peu moins de la moitié de ce nombre pour celles de Toyota et Honda.
Cette étude, commandée par le Conseil manufacturier de l'Ontario, concluait qu'une baisse de 50% de la production des constructeurs américains entraînerait au Canada la perte de 296.000 emplois sur une période de cinq ans dans l'ensemble de l'économie. Et les pertes d'emplois doubleraient en cas de disparition des constructeurs de Detroit.
La province d'Ontario est depuis quelques années la première région en Amérique du Nord en terme de production de véhicules, devant l'Etat américain du Michigan (nord).
Mais la production y a reculé de 35,1% en un an - de novembre 2007 à novembre 2008 - selon les données les plus récentes du groupe d'analyse du secteur automobile Ward's.
Le plan canadien, financé aux deux tiers par le gouvernement fédéral et au tiers par l'Ontario, comporte deux éléments supplémentaires à celui des Etats-Unis: une assurance pour les équipementiers automobiles et des facilités de crédit aux consommateurs pour l'achat de véhicules neufs.
Ces mesures visent à aider aussi les constructeurs japonais Toyota et Honda à maintenir leurs opérations au Canada et à y accroître leurs ventes dans un marché actuellement déprimé.
Signe du déclin des constructeurs américains, Toyota a ouvert officiellement il y a deux semaines une nouvelle usine d'assemblage en Ontario de son tout-terrain de loisirs RAV4, la première construite au Canada en deux décennies.