La Bourse de Paris s'est offert un vigoureux rebond lundi, le CAC 40 grimpant de 8,68%, porté par l'espoir d'une vaste relance aux Etats-Unis et par un feu vert de Bruxelles au plan français de recapitalisation des banques.
L'indice vedette a bondi de 259,47 points à 3.247,48 points, dans un volume d'échanges modeste de 4,5 milliards d'euros, après avoir lâché 8,42% la semaine précédente (-8,42%). Il signe ainsi sa cinquième meilleure performance de l'année, loin cependant du record historique du 13 octobre (+11,18%).
Londres a pris 6,19%, Francfort 7,63% et l'Eurostoxx 50 8,76%.
"C'est d'autant plus surprenant que, vendredi soir, on avait quitté le marché sur des chiffres d'emploi dramatiques aux Etats-Unis. Tout ça s'est volatilisé grâce à la perspective d'un plan américain ambitieux", a expliqué à l'AFP Xavier de Villepion, vendeur d'actions chez Global Equities.
Pour lui, ces rebonds aussi vifs qu'éphémères sont devenus si habituels, depuis l'automne, qu'on "ne sait plus quel vocabulaire employer: faut-il parler d'indices en dents de scie, de montagnes russes, ou de contrepied permanent?"
Le regain d'optimisme est venu cette fois du président élu des Etats-Unis, Barack Obama, qui a promis samedi d'effectuer les plus gros investissements dans les infrastructures américaines depuis les années 1950. Cet effort devrait, selon lui, créer 2,5 millions d'emplois.
Et même si la nouvelle administration américaine n'entrera en fonction que le 20 janvier, les investisseurs tablent dans l'intervalle sur un plan de sauvetage d'environ 15 milliards de dollars pour le secteur automobile, qui pourrait être voté cette semaine au Congrès.
Pour M. de Villepion, la première puissance mondiale "donne vraiment l'impression de vouloir se sortir de l'ornière, d'autant qu'Obama sera confronté à des élections sénatoriales en 2010. Il mettra le paquet pour présenter une maison en bon ordre".
Le volontarisme affiché aux Etats-Unis "fait aussi revivre le plan Sarkozy" dans l'esprit des opérateurs, alors que les mesures annoncées jeudi en France "avaient été enterrées par des statistiques désastreuses et par les désaccords entre Paris et Berlin", observe le vendeur d'actions.
Les titres liés aux infrastructures ont, logiquement, profité de la priorité accordée par les pouvoirs publics à l'investissement: Alstom s'est envolé de 10,89% à 43,28 euros, Schneider Electric de 15,55% à 52,06 euros, et ArcelorMittal de 17,84% à 18,40 euros.
Par ailleurs, la Commission européenne a levé l'une des incertitudes qui pesaient sur le secteur financier en approuvant le projet français de recapitalisation des banques: Société Générale a pris 14,29% à 36,56 euros, BNP Paribas 13,43% à 44,35 euros et Crédit Agricole 10,39% à 9,50 euros.
Total, qui s'était effondré vendredi face à la baisse du prix du baril, a fortement soutenu l'indice en gagnant 11,29% à 39,68 euros).
Vinci a bondi de 10,64% à 30,77 euros, après avoir salué le déblocage de trois projets autoroutiers en France. Bouygues n'a pas souhaité commenter cette annonce, mais a lui aussi pris 10,42% à 30,15 euros.
A contre-courant du marché, Rhodia a perdu 1,96% à 4,51 euros, après avoir revu à la baisse ses perspectives de résultats pour 2008.
France Télécom (-0,35% à 20,05 euros) et Essilor (+1,07% à 30,61 euros) ont fermé la marche des valeurs vedettes. Plus résistants depuis le début de la crise, ces titres dits "défensifs" suscitent moins d'engouement en période de rebond.