La Banque d'Angleterre (Bank of England, BoE) a désidé de s'attaquer à la récession dans laquelle s'enfonce le Royaume-Uni en baissant jeudi d'un point entier de pourcentage son taux directeur, le ramenant à 2%, le niveau du loyer de la livre entre 1939 et 1951.
Comme largement anticipé par les analystes, la BoE a prolongé son mouvement d'assouplissement monétaire, en diminuant son taux d'un point entier.
Elle l'avait déjà baissé d'1,5 point en novembre, après une réduction de 0,50 point en octobre dans le cadre d'une action concertée de six grandes banques centrales pour faire face à la récession.
"Lors de sa réunion de décembre, le Comité (de politique monétaire, ndlr) a jugé que, étant donné le niveau actuel de l'inflation et la volatilité impliquée par la décision (du gouvernement, ndlr) de baisser la TVA, un risque important existait quant à un dérapage sous l'objectif de 2% de hausse des prix", justifie la BoE dans le document publié à la suite de sa décision.
"Au Royaume-Uni, les enquêtes dans les entreprises ont montré une nouvelle dégradation de la situation (...) tandis que la consommation et l'investissement se sont tassés", explique le document.
"Les indicateurs d'activité montrent un ralentissement dans le reste du monde mais la faiblesse de la livre sterling devrait atténuer l'effet du ralentissement de la croissance au Royaume-Uni", tempère la banque.
De fait, la monnaie britannique est tombée jeudi à un nouveau plus bas historique face à l'euro, sous 1,15 euro, et à un niveau plus vu depuis six ans face au dollar.
Alors que la BoE était auparavant bridée dans sa volonté de soutenir la croissance par les craintes inflationnistes, la baisse des matières premières et le ralentissement économique alimentent désormais les tensions déflationnistes.
Le rapport de la Banque sur l'inflation publié en novembre envisageait même la possibilité d'une entrée en déflation du Royaume-Uni début 2009.
Cette nouvelle configuration de l'équation économique s'impose également à ses homologues, qui ont réagi dans le même sens.
Après des baisses de taux radicales de la Banque d'Australie et de la Banque de Suède, la Banque centrale européenne a ôté, dans un geste d'une ampleur inédite, 0,75 point de pourcentage au sien, alors que les plans d'intervention gouvernementaux se multiplient, comme celui que vient de présenter le président français Nicolas Sarkozy.
"Le Comité (de la BoE) semble suggérer que le stimulus fiscal d'urgence annoncé dans le pré-budget (la semaine dernière, ndlr) n'améliorera pas beaucoup les perspectives économiques" commentait Michael Saunders de Citigroup.
"Il mentionne également la possibilité d'autres mesures d'accompagnement que la baisse des taux si la situation continuait de se détériorer" ajoutait l'analyste.
Ce taux historiquement bas (un passage sous 2% aurait été une première depuis la création des taux, en 1694) avait été maintenu pendant toute la période de crise économique allant d'octobre 1939 à octobre 1951, date à laquelle il était remonté à 2,5%.
Cette décision a été saluée par les différents acteurs de la City. "La BoE a eu raison de baisser les taux de 100 points de base. Toute baisse inférieure aurait été une occasion manquée" jugeait Hetal Mehta, économiste du Club Ernst & Young ITEM.
La Grande-Bretagne affronte désormais de plein fouet les vents contraires du ralentissement économique: après l'immobilier, la finance et la distribution, le marché automobile britannique a donné des signes de faiblesse jeudi et s'est installé à son tour dans la crise, les constructeurs licenciant à tour de bras face à l'effondrement de leurs ventes et réclamant des aides d'urgence au gouvernement.