Alors que son précédent plan industriel avait déçu le marché, Telecom Italia a annoncé mercredi une nouvelle stratégie pour 2009-2011, focalisée sur la réduction de ses coûts et de son énorme dette, et va supprimer pour cela 4.000 postes de plus en Italie et céder des actifs.
Le groupe italien de télécommunications, qui croule sous une dette de 35 milliards d'euros et emploie environ 66.000 personnes en Italie, avait déjà lancé un plan d'économies en juin prévoyant la suppression de 5.000 postes dans la Péninsule, basée sur des départs volontaires étalés jusqu'à fin 2010.
Les syndicats ont critiqué cette nouvelle coupe et le ministre du Travail Maurizio Sacconi a assuré qu'il regarderait le dossier de près afin de voir si cela est "vraiment nécessaire à la survie" du groupe.
Le nouveau plan industriel est "ambitieux" et a reçu le "soutien total du conseil d'administration, y compris des représentants de (l'espagnol) Telefonica", premier actionnaire avec qui les relations ne sont pas toujours au beau fixe, a déclaré le président de Telecom Italia, Gabriele Galateri di Genola, au début d'une rencontre avec les analystes financiers.
Cette nouvelle ligne directrice était très attendue par le marché.
Mais elle ne le ravissait pas: l'action a clôturé en baisse de 1,63% à 1,025 euro, les investisseurs exprimant des craintes sur le dividende, l'administrateur délégué Franco Bernabè ayant balayé d'un revers de la main les questions pressantes des analystes sur ce sujet.
Axe central de la nouvelle stratégie: Telecom Italia va se concentrer sur ses deux grands marchés, l'Italie et le Brésil, tirant un trait sur son expansion géographique à coups d'acquisitions.
En Argentine, il compte prendre le contrôle de Sofora, la holding de contrôle de Telecom Argentina, mais avec l'aide d'un partenaire local pour ne pas avoir à débourser d'argent.
Telecom Italia va donc se séparer des actifs qu'il ne considère pas comme "stratégiques", catégorie dans laquelle il range sa filiale TI Sparkle (services), sa division haut débit Europe (activités en Allemagne et aux Pays-Bas) et sa part dans l'opérateur cubain Etecsa.
Ces opérations pourraient lui rapporter jusqu'à 3 milliards d'euros.
Au total, le groupe entend réduire ses coûts de 2 milliards d'euros sur les trois prochaines années et diminuer significativement sa dette, d'au moins 5 milliards d'euros.
Au chapitre des perspectives financières, Telecom Italia table sur la durée du plan sur une croissance des revenus de plus de 2% et sur une marge supérieure à 39%.
Dans le détail, il s'attend en 2009 à un chiffre d'affaires et à une marge stables par rapport à 2008 (année pour laquelle il mise sur des revenus compris entre 30,4 et 30,5 milliards d'euros et sur une marge de 38%).
Le précédent plan pour la période 2008-2010 prévoyait une croissance de 1 à 2% et une marge autour de 39%.
Présenté en mars, quelques mois à peine après l'arrivée de la nouvelle direction, il avait refroidi les investisseurs et déçu certains actionnaires, dont la famille Benetton, qui avait menacé de vendre sa part.
"J'avais une vue limitée sur le groupe", a reconnu Franco Bernabè.
Par ailleurs, M. Bernabè a répété que le groupe n'avait pas besoin d'augmentation de capital et qu'il n'entendait pas céder son réseau de lignes fixes, hypothèses maintes fois apparues dans la presse.
Et, selon le directeur financier Marco Patuano, il "n'y a plus de contacts" avec des investisseurs, dont la Libye, pour une entrée dans le capital, car le groupe n'en a plus besoin.