Gordon Brown s'est engagé mercredi à intensifier ses efforts pour garantir la stabilité d'une économie britannique au bord de la récession à l'occasion de la présentation de son programme législatif lors du traditionnel discours du trône lu par la reine Elizabeth II.
La "priorité numéro un" du gouvernement sera "d'assurer la stabilité de l'économie britannique dans la récession économique mondiale", a promis la reine d'Angleterre, 82 ans, en lisant devant les deux chambres du Parlement réunies (Lords et Communes) le discours-programme rédigé par le Premier ministre.
Le gouvernement est déterminé à "aider les familles et les commerces dans ces temps difficiles", a ajouté la souveraine, revêtue de sa robe d'apparat et coiffée de sa couronne sertie de plus de 3.000 pierres précieuses, se pliant à un rituel séculaire qui date de 1536.
Le discours du trône marque traditionnellement l'ouverture de la session parlementaire. M. Brown avait dévoilé dès mai dernier la substance de son programme législatif, mais il a été contraint de le resserrer autour de projets de loi à dominante économique, sous l'effet de la crise.
La principale mesure présentée mercredi consiste ainsi en un projet de loi sur la stabilisation du système bancaire, destiné à venir compléter le plan de sauvetage des banques du pays, annoncé en urgence début octobre.
"La force du système financier est vitale pour le dynamisme de l'économie", a déclaré la reine, lors d'un discours d'une dizaine de minutes, bien plus concis qu'à l'accoutumée.
Le projet de loi vise à renforcer les systèmes de prévention pour éviter que les banques ne connaissent à nouveau les difficultés qu'elles ont rencontrées ces derniers mois, à créer de nouveaux outils pour permettre au gouvernement d'intervenir plus facilement en cas de besoin, et à consolider les garanties offertes aux épargnants.
Début octobre, le gouvernement avait annoncé un plan de recapitalisation des banques britanniques, mises en difficulté par la crise du crédit. Il s'était dit prêt à injecter 37 milliards de livres dans les trois banques - Royal Bank of Scotland (RBS), Lloyds TSB et HBOS - qui en avaient accepté les termes.
RBS a depuis été nationalisée, alors que Lloyds TSB et HBOS doivent encore achever leur fusion.
Ce plan de sauvetage avait été copié partout en Europe et les Etats-Unis s'en étaient même inspirés.
Sa gestion de la crise économique, unanimement saluée, a permis au Premier ministre et au parti travailliste de refaire presque entièrement leur retard dans les sondages.
Selon la dernière enquête en date, publiée mardi par The Independent, le Labour est revenu à un petit point de l'opposition conservatrice, après avoir compté plus de 20 points de retard cet été.
L'HORIZON économique reste cependant extrêmement sombre pour le pays. Lors de la présentation du pré-budget 2009-2010, le gouvernement a admis qu'il était entré en récession, et pronostiqué une croissance limitée à 0,75% cette année, avant une contraction entre 0,75% et 1,25% l'an prochain, puis un retour à la croissance en 2010. Le deficit budgétaire devrait atteindre 8% du PIB (Produit intérieur brut) en 2009.
Réduit à 13 projets de loi, le programme législatif gouvernemental prévoit aussi un durcissement de sa politique d'immigration et d'acquisition de la citoyenneté britannique.
Le gouvernement s'est également fixé pour objectif de faire disparaître d'ici 2020 la pauvreté infantile, et d'énièmes réformes du service de santé publique (NHS) et du système éducatif sont planifiées.
Un projet de loi sur la réforme constitutionnelle, qui doit notamment rendre obligatoire un vote du Parlement pour l'approbation des traités et pour une entrée en guerre, doit encore être affiné, et sera présenté devant le Parlement "quand le moment le permettra".