Le secteur de la construction en France pourrait perdre environ 45.000 emplois en 2009 sur un total de 1,9 million d'actifs, en raison de la baisse de l'activité, selon des prévisions du ministère de l'Ecologie, du Développement durable et de l'Aménagement du territoire publiées mercredi.
Cette estimation ne comprend pas le plan de relance du secteur, qui devrait être annoncé dans dix jours par le président Nicolas Sarkozy, a précisé Françoise Morel, chef du service économique du Commissariat général au développent durable du ministère, lors d'une conférence de presse.
Après une baisse attendue de 1,5% en 2008, le volume d'affaires de ce secteur devrait diminuer de 3,6% en 2009, prévoit le ministère.
L'effectif salarié permanent devrait se réduire d'environ 30.000 personnes, soit de 2%, et celui de l'intérim de 15.000 postes en équivalent temps plein (-10,5%), soit un total de 45.000 emplois, a précisé le ministère.
Fin 2007, l'emploi dans la construction était au plus haut depuis 26 ans avec 1,9 million d'actifs, dont près de 1,5 million de salariés permanents, a indiqué Régis Hiait, chef du bureau de l'analyse économique des secteurs professionnels.
342.000 emplois ont été créés dans le secteur depuis 1998.
Avant la chute attendue en 2009, le record de 2007 devrait être battu cette année, durant laquelle le secteur devrait avoir créé encore 20.000 emplois permanents, alors que le recours au travail intérimaire devrait avoir diminué de 6.000 à 7.000 postes en équivalent salariés annuels, estime le ministère.
"L'intérim devrait jouer son rôle traditionnel de variable d'ajustement pour les entreprises", note le ministère dans un document remis à la presse. Fin 2007, le secteur employait 150.000 intérimaires.
La baisse de l'emploi s'explique en partie par la chute du nombre de mises en chantier de logements neufs. Pour 2009, la fourchette de prévision est comprise entre 356.000 et 368.000 mises en chantier contre une estimation de 375.000 (dont 10.000 pour les DOM) en 2008 et 435.200, un record depuis le début des années 50, en 2007.
Après 11 années de hausse ininterrompue de 1996 à 2007, le chiffre d'affaires du secteur a atteint un record l'année dernière à 176,7 milliards d'euros.
En 2008, la baisse de la construction neuve devrait atteindre 4,9%, partiellement compensée par une activité d'entretien-rénovation qui reste positive (+ 1,5%).
Dans le secteur des travaux publics, l'activité devrait diminuer de 1,3% en volume en 2008 par rapport au niveau très élevé atteint en 2007.
Pour 2009, le ministère table sur un impact positif des premières mesures du Grenelle de l'Environnement pour le volet "rénovation énergétique des bâtiments", grâce au prêt éco-PTZ (prêt à taux zéro) dont les professionnels attendent la publication du décret le concernant pour juger ses effets.
"Ces mesures devraient commencer à se faire sentir en fin d'année 2009", a estimé M. Hiait.
Pour la période 2009-2020, l'impact de ces mesures est chiffré à 302 milliards d'euros (205 pour le bâtiment et 97 pour les travaux publics dont 53 pour les lignes à grande vitesse) ce qui permettrait de créer ou de préserver plus de 300.000 emplois.
La grande majorité (192 milliards) des investissements du bâtiment doit être consacré à la rénovation énergétique des bâtiments.
"Mais toutes les entreprises ne sont pas prêtes" à pouvoir intervenir efficacement sur cette spécialité, a avertit M. Hiait.