Les monarchies du Golfe, confrontées à une chute de recettes pétrolières en raison de l'effondrement des cours du brut, se réunissaient mardi à Mascate pour discuter de l'état de leurs économies qui, selon des experts, résistent encore aux effets de la crise financière mondiale.
Les ministres des Finances et des Affaires étrangères du Conseil de coopération du Golfe (CCG), qui tiennent dans l'après-midi une réunion commune, doivent soumettre au sommet du CCG, prévu fin décembre à Mascate, des recommandations sur le processus d'intégration économique de leurs pays, dont le lancement prévu en 2010 d'une monnaie unique, selon l'ordre du jour.
"La situation économique dans les monarchies du Golfe est moins bonne que ce qu'elle était l'an dernier, mais elle est meilleure que celle prévalant dans plusieurs autres pays, frappés de plein fouet par la crise financière mondiale", a déclaré un analyste économique, Eckart Woertz.
Et pour cause, "les monarchies du CCG se sont constituées d'importants fonds grâce à la manne pétrolière des dernières années", a ajouté à l'AFP M. Woertz, chef du département économique au Gulf Research Center, basé à Dubaï.
Les exportations pétrolières de ces monarchies, qui produisent de 14 à 15 millions de barils/jour (mbj), soit près de 20% des besoins mondiaux, leur ont rapporté quelque 2.000 de milliards de dollars ces six dernières années, selon des estimations.
Ces recettes record leur ont permis de dégager des excédents budgétaires et de s'engager dans d'ambitieux programmes de développement, aujourd'hui mis à mal par un effondrement des marchés financiers malgré les interventions des gouvernements pour rétablir la confiance des investisseurs, et par la chute brutale des prix du brut, réduits au tiers de leur niveau de juillet.
Les pays du CCG (Arabie saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis, Koweït, Oman et Qatar), qui détiennent environ 45% des réserves mondiales prouvées de brut, "sont en mesure de résister à la chute des prix du pétrole, même à 30 dollars le baril", a estimé l'expert économique saoudien Ihsan Bou Haliga.
Ces pays, qui prévoient des investissements de 1.000 milliards de dollars sur 5 ans pour promouvoir leurs économies, selon une étude de l'Institute of International Finance (IIF) publiée dimanche par un journal émirati, "restent attrayants pour les sociétés étrangères", en difficulté, en Occident notamment, a-t-il ajouté.
"L'actuelle crise financière est un facteur qui doit encourager les pays du CCG à parachever leur intégration économique et à diversifier leurs économies", qui demeurent largement dépendantes du pétrole, a encore estimé M. Bou Haliga, jugeant "nécessaire de lancer, comme prévu en 2010, la monnaie unique du CCG".
Selon lui, "le lancement de la monnaie unique confirmera la position des pays du CCG comme un bloc économique", alors que les monarchies du Golfe, dont les placements à l'étranger sont estimés à quelque 2.500 milliards de dollars, sont fortement sollicitées en Occident pour contribuer à alléger la crise financière.
Signe de cet intérêt pour la région, un nouveau sommet mondial sur la crise financière a été convoqué samedi au Qatar, moins de deux semaines après celui du G20 à Washington, auquel avait assisté le roi Abdallah d'Arabie saoudite, chef de file du CCG.
Outre leur réunion commune avec les ministres des Finances, les chefs de la diplomatie du CCG devaient se concerter séparément mardi sur les principales questions d'actualité au Moyen-Orient, notamment la situation dans les territoires palestiniens, l'Irak, le Soudan et la Somalie, en prévision du sommet de Mascate, prévu les 29 et 30 décembre.