Le patron de l'avionneur européen Airbus, Thomas Enders, n'a pas exclu lundi de devoir procéder à une réduction des cadences de production si la crise s'aggravait, tout en promettant un soutien à ses clients qui pourraient rencontrer des difficultés à financer l'achat d'avions.
"Nous ne pouvons rien exclure en ce moment", a-t-il dit, répondant à la question de savoir s'il excluait de procéder à une réduction des cadences de production, lors d'un dîner organisé à Paris par l'Association des Journalistes Professionnels de l'Aéronautique et de l'Espace (AJPAE).
Le 15 octobre dernier, Airbus avait renoncé en raison de la crise à son objectif de faire sortir de ses usines chaque mois, en 2010, 40 appareils de la famille des moyen-courriers A320. Il avait décidé de laisser inchangées les cadences à 36.
Comme il l'avait annoncé alors, M. Enders a souligné lundi qu'il se réservait la possibilité en 2009 d'augmenter les cadences si le marché, actuellement affaibli par le ralentissement de l'économie, se reprenait.
Actuellement et pour l'année à venir, Airbus doit affronter deux problèmes majeurs liés à la crise du crédit: les difficultés de financement de ses clients et de ses fournisseurs, a-t-il constaté.
M. Enders a souligné que l'avionneur avait encore de la marge pour venir en aide aux compagnies clientes en mal de financement. "Nous sommes actuellement au niveau le plus bas de soutien financier aux clients depuis 20 ans: 1,2 milliard de dollars, contre 5 ou 6 milliards de dollars au niveau le plus haut", a-t-il dit.
Airbus compte voir augmenter considérablement en 2009 le soutien des assureurs crédit à l'exportation, tels la Coface en France et Euler Hermes en Allemagne, pour qu'ils accroissent le nombre de livraisons garanties, a déclaré M. Enders.
"Nous avons de bonnes discussions avec les agences de crédit à l'exportation et les gouvernements. C'est une façon de soutenir NOS exportations. Nous voulons qu'il y ait une augmentation très considérable du soutien de ces agences", a-t-il dit, sans donner de chiffres.
Selon des sources industrielles, 30 à 40% des avions livrés par Airbus en 2009 devraient être soutenus par les instituts de crédit à l'export, contre 15 à 20% en temps normal.
Pour les fournisseurs d'Airbus qui pourraient rencontrer des difficultés à cause du ralentissement économique, M. Enders n'a pas cité de nom. Il a salué la création en France en juillet dernier du fonds d'investissement doté de 75 millions d'euros, baptisé "Aerofund II" et "dédié aux PME du secteur aéronautique civil". Selon lui, des fonds similaires seraient en discussion en Allemagne, en Espagne et en Grande-Bretagne.
En ce qui concerne l'objectif de livraison de l'A380 pour 2009, M. Enders a réitéré les réserves du patron de sa maison-mère EADS, Louis Gallois. "2009 sera un nouveau défi, il se peut que nous ne puissions pas livrer tous les 21 A380 prévus", a-t-il dit.
M. Enders a indiqué que les Allemands, venus à Toulouse pour pallier les retards du paquebot des airs, repartiraient progressivement en 2009. Actuellement, ils sont quelque 2.000. Le 18 juin dernier, M. Gallois avait annoncé leur départ pour le début de 2009, grâce au passage à la pleine industrialisation du gros porteur.
Pour l'année 2008, M. Enders a maintenu ses prévisions d'engranger 850 commandes, comme il avait été annoncé en juillet au Salon de Farnborough.
A la question de savoir s'il était inquiet des premiers signes de ralentissement économique dans la région du Golfe, qui compte de très nombreux clients du groupe, M. Enders s'est montré serein. "En 2008, nous n'avons pas d'indication négative (...) nous avons une base forte de clients dans cette région", a-t-il dit.