
Le directeur de l'OMC, Pascal Lamy, qui négocie tout azimut depuis deux semaines avec les membres de l'organisation, semble désormais décidé à convoquer rapidement une réunion ministérielle sur le cycle de Doha libéralisant le commerce mondial, indiquaient mercredi des sources diplomatiques.
En dépit de désaccords persistants sur certaines baisses de droits de douane entre les 153 membres de l'Organisation mondiale du commerce, M. Lamy a déjà demandé aux ministres des principaux pays de l'OMC de se tenir prêts à venir à Genève dès le 13 décembre. Un appel non officiel mais qui donne le ton sur les intentions du Français.
"J'ai le sentiment que (notre) manière de procéder pourrait nous permettre de réunir les Ministres dans un créneau situé aux environs des 13, 14, 15 décembre", explique M. Lamy dans un fax adressé lundi à une trentaine de pays dont l'AFP a obtenu une copie.
La réunion pourrait même démarrer deux jours plus tôt (les 11 et 12) pour sept puissances commerciales -- les Etats-Unis, l'Union européenne, le Brésil, la Chine, l'Inde, le Japon ainsi que l'Australie -- , le directeur de l'OMC envisageant, selon des sources diplomatiques, de démarrer sur un cercle plus restreint afin de déblayer le terrain avant des négociations plus larges.
Décidé à effacer l'échec de la dernière ministérielle de juillet, M. Lamy assure cette fois s'appuyer sur les progrès obtenus durant les deux dernières semaines. Des textes chiffrés sur les deux dossiers phare du cycle de Doha, l'agriculture et les produits industriels, devraient en ressortir d'ici la fin de la semaine et servir de base aux éventuelles négociations des ministres.
"Grâce à tous ces efforts, nous avons progressé pour ce qui est de réduire les divergences", s'est félicité le Français dans sa missive.
L'affirmation laisse toutefois sceptiques de nombreuses sources diplomatiques proches des négociations.
"Il n'y a pas eu d'avancée sur les sujets vraiment difficiles", expliquait mercredi à l'AFP l'une d'entre elles.
De fait, le médiateur pour les questions industrielles, le Suisse Luzius Wasescha, a reconnu mardi que la question des "secteurs" prévoyant une élimination à terme des droits de douane pour 14 produits posait encore de "sérieuses difficultés".
Du côté des discussions agricoles, le mécanisme de sauvegarde, destiné à protéger un marché national d'une flambée d'exportations, reste également problématique, selon des sources diplomatiques. Le mécanisme qui oppose les Etats-Unis et l'Inde avait fait capoter les négociations de juillet.
Conscient que les points de friction laissés en suspend l'été dernier sont encore "nombreux", Pascal Lamy semble toutefois considérer qu'il n'a plus vraiment le choix et se doit de convoquer une réunion au plus haut niveau.
Les appels en ce sens n'ont cessé depuis un mois, la plupart des dirigeants du monde considérant que la conclusion du cycle de Doha, qui patine depuis sept ans, serait un signe fort et rassurant sur la coopération internationale dans un contexte de crise économique globale.
"Si nous échouons, nous aurons un problème", admet Pascal Lamy, mais "si le risque d'échec subsiste, les risques encourus si nous n'essayons pas" sont encore plus importants.
En attendant une décision qui doit être prise durant le week-end, les experts ont les yeux rivés sur les Américains, les Indiens et les Chinois dont la volonté de conclure un accord est largement mise en doute.
A ce titre, une rencontre prévue cette semaine en Chine entre la représentante américaine au Commerce Susan Schwab et son homologue chinois, pourrait s'avérer "cruciale" pour la suite des évènements, selon une source diplomatique.