Les indicateurs économiques publiés jeudi aux Etats-Unis sont venus apporter une nouvelle preuve de la dégradation accélérée du marché de l'emploi et des perspectives économiques du pays.
Le nombre des nouveaux chômeurs indemnisés a bondi au cours de la semaine close le 15 novembre, avec 542.000 nouveaux dossiers déposés (en données corrigées des variations saisonnières), selon le département du Travail.
Il faut remonter à la fin du mois de juillet 1992 pour retrouver un nombre de nouvelles demandes supérieur.
Cette statistique était bien plus mauvaise qu'attendu par les analystes, qui tablaient sur 503.000 demandes. Sa publication a fortement pesé sur la Bourse de New York qui a plongé à l'ouverture après être tombée la veille à son plus bas depuis plus de cinq ans.
La nouvelle hausse de cet indicateur illustre la détérioration accélérée du marché de l'emploi aux Etats-Unis.
Le taux de chômage y a atteint en octobre 6,5%, son plus haut niveau depuis quatorze ans, et la Réserve fédérale estime désormais qu'il puisse monter jusqu'à 7,6% en 2009.
"La montée en flèche des demandes d'allocations chômage ajoute de la morosité au tableau général de l'économie", relève Elsa Dargent, économiste de Natixis. Pour le cabinet RDQ Economics, le niveau actuel des demandes d'allocations chômage pourrait impliquer la destruction nette de 400.000 emplois par l'économie américaine au mois de novembre.
"Le bond des demandes au cours des dernières semaines est profondément alarmant, mais il est cohérent, malheureusement, avec l'effondrement soudain de presque toutes les données ayant trait à l'activité économique", estime Ian Shepherdson de l'institut HFE.
Les entreprises se préparent à "une récession profonde et longue. Avec l'écroulement des ventes de détail, le plongeon de la production industrielle et, les commandes en provenance de l'étranger au bord du précipice [...] il n'y a plus rien derrière quoi s'abriter", ajoute-t-il.
L'indice composite des indicateurs économiques américains, censé préfigurer l'évolution de la conjoncture dans les six mois à venir, a chuté de 0,8% en octobre, là encore plus fortement qu'attendu par le marché.
Pour le Conférence Board, l'institut privé qui compile cet indice, "l'économie se contracte, et le rythme de la contraction pourrait s'intensifier".
"L'économie a été très faible" et "même si les prix de l'énergie ont commencé à se retourner, la crise financière a fortement pesé sur le moral des consommateurs et des entreprises. Le résultat est une contraction de la demande qui pourrait s'intensifier cet hiver", pronostique-t-il.
Venant témoigner de la persistance des difficultés de l'industrie, l'indice mesurant l'activité du secteur industriel de la région de Philadelphie (Nord-Est) a encore baissé en novembre, atteignant son plus bas niveau depuis octobre 1990, époque de la précédente récession aux Etats-Unis.
Le PIB américain a reculé de 0,3% au troisième trimestre, selon la première estimation officielle. Mercredi, la Réserve fédérale (Fed) n'a pas écarté que le produit intérieur brut recule pour l'ensemble de l'année 2009.
Ajoutant aux inquiétudes, Randall Kroszell, un des membres du Conseil des gouverneurs de la Fed, a estimé jeudi devant des parlementaires que les récentes mesures de soutien à l'économie prises par les autorités américaines avaient des effets d'une ampleur encore "très incertaine".