La Bourse de New York a fini sur un plongeon jeudi, qui l'a ramenée au plus bas depuis cinq ans et demi, emportée par la dégradation de l'économie américaine et l'absence de réponse politique à la crise de l'automobile: le Dow Jones a perdu 5,56% et le Nasdaq 5,07%.
"C'est très dangereux, le marché teste ses planchers", a jugé Lindsey Piegza, stratégiste chez FTN Financial.
Le dow jones industrial average (djia) a lâché 444,99 points, pour tomber à 7.552,29 points. Le principal indice de Wall Street avait fini mercredi sous les 8.000 points pour la première fois depuis le 31 mars 2003.
Le Nasdaq, à dominante technologique, a reculé de 70,30 points, à 1.316,12 points. L'indice élargi Standard & Poor's 500 a chuté de 6,71% (54,14 points), à 752,44 points. Il n'avait plus clôturé à ce niveau depuis avril 1997.
Devant cette déroute du marché actions les investisseurs se sont rués vers le marché obligataire, jugé plus sûr, qui a atteint des sommets.
Le rendement du bon du Trésor à 10 ans, qui évolue dans le sens inverse du prix des obligations, a plongé à 3,144%, contre 3,391% mercredi soir, un niveau inédit dans les annales de la Réserve fédérale, tenues depuis 1962.
Le rendement de l'obligation à 30 ans est tombé à 3,699%, contre 3,972% la veille, un niveau plus vu depuis 1977.
"On ne reçoit que des indicateurs économiques calamiteux", a relevé Mme Piegza. "Plus vite on aura touché le fond, plus vite l'économie pourra redémarrer, mais la question, c'est quand touchera-t-on le fond?
Le nombre des nouveaux chômeurs indemnisés a bondi plus qu'attendu la semaine dernière, ce qui "suggère que le marché de l'emploi et l'économie se détériorent à un rythme accéléré alors que consommateurs et entrepreneurs continuent à restreindre leurs dépenses", selon le courtier Charles Schwab.
L'indice mesurant l'activité de l'industrie dans la région de Philadelphie (nord-est des Etats-Unis) a lui aussi baissé plus que prévu, pour tomber au plus bas depuis octobre 1990.
Wall Street, qui avait tenté de rebondir en matinée, s'est enfoncée quand des responsables démocrates ont déclaré qu'aucun plan n'était viable à court terme au Congrès pour venir en aide au secteur automobile.
"Tant qu'il n'y aura pas de nouvelle positive, la tendance restera à la baisse", a estimé Mace Blicksilver, directeur de Marblehead Asset Management.
"C'est une industrie en difficulté pour laquelle il faut faire quelque chose", a prévenu Mme Piegza, qui estime qu'un dépôt de bilan serait la meilleure solution pour permettre aux constructeurs de se restructurer.
Le titre General Motors, après avoir touché en séance un plus bas niveau depuis 70 ans, a rebondi de 3,23%, à 2,88 dollars. Ford a pris 10,32%, à 1,39 dollar.
Les financières ont été de nouveau massacrées, alors que les analystes s'inquiètent de la possiblité de nouvelles pertes.
Citigroup, après avoir perdu 23% mercredi, a encore chuté de 26,41% à 4,71 dollars. Bank of America a plongé de 13,86% à 11,25 dollars et JPMorgan Chase de 17,88% à 23,38 dollars.
Les valeurs liées aux matières premières ont également chuté alors que le pétrole est tombé sous les 50 dollars à New York, au plus bas depuis 2005. Le pétrolier ExxonMobil a cédé 6,69% à 68,51 dollars, le géant de l'aluminium Alcoa 16,05% à 6,85 dollars.