Le Japon a annoncé lundi son entrée en récession, alors que le président élu des Etats-Unis, Barack Obama, a promis de relancer l'économie quitte à alourdir davantage le déficit budgétaire, dans la foulée des appels du G20 en faveur d'une relance coordonnée.
Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a appelé lundi à l'adoption de "mesures exceptionnelles" et "coordonnées" contre la crise économique. La Commission doit présenter un plan d'action le 26 novembre.
Les marchés boursiers ont réagi sans illusions aux résultats du sommet des pays émergents et avancés du G20, samedi à Washington, qui s'est engagé à mieux coordonner les politiques économiques pour stimuler la croissance et, dans un deuxième temps, à mieux superviser la finance mondiale afin d'éviter une nouvelle crise financière .
La Bourse de New York a ouvert en baisse : le Dow Jones perdait 2,64% et le Nasdaq 2,23% vers 15H20 GMT.
Paris reculait de 2,70% vers 15H00 GMT, Londres de 1,23% et Francfort de 1,38%.
"Les inquiétudes sur l'économie ne se sont pas dissipées au cours du week-end, alors que le sommet du G20 n'a donné lieu à aucun accord susceptible de changer significativement les perspectives à court terme", a estimé Patrick O'Hare, du site d'analyse financière Briefing.com.
Les mauvaises nouvelles continuent de pleuvoir sur le plan économique : la zone euro a enregistré un déficit de son commerce extérieur avec le reste du monde de 5,6 milliards d'euros en septembre (après un excédent de 2,9 milliards en septembre 2007 et un déficit de 9,4 milliards en août).
En Grande-Bretagne, le patronat prévoit une récession "plus forte et plus longue" qu'initialement envisagé, avec un recul de 1,7% du Produit intérieur brut (PIB) en 2009 et une montée du chômage à 9%.
La banque américaine Citigroup a annoncé qu'elle allait supprimer très rapidement jusqu'à 50.000 postes.
Seule note optimiste, les Etats-Unis ont connu un rebond de leur production industrielle de 1,3% en octobre, après une chute historique en septembre.
Le Japon a rejoint lundi la liste des pays ou régions déjà en récession, parmi lesquelles figure la zone euro. Le PIB nippon a diminué de 0,1% sur la période juillet-septembre, après un recul de 0,9% sur la période avril-juin.
La Bourse de Tokyo s'attendait à cette mauvaise nouvelle et a terminé en hausse de 0,71%. Sydney a cédé 2,54%, la Nouvelle-Zélande 0,93%, Séoul 0,91%, Hong Kong 0,10%. Shanghai a clôturé en hausse de 2,22%.
Aux Etats-Unis, le président élu Barack Obama a affirmé qu'il fallait "prendre toutes les mesures nécessaires pour faire redémarrer l'économie", même si cela devait creuser encore l'énorme déficit budgétaire américain.
M. Obama, qui prendra le 20 janvier ses fonctions à la Maison Blanche, s'est notamment prononcé pour un plan de sauvetage de l'industrie automobile américaine, dont la faillite annoncée "serait une catastrophe".
L'avenir des trois constructeurs automobiles américains, General Motors, Ford et Chrysler, pourrait se jouer cette semaine au Congrès, où la majorité démocrate souhaite une aide de 25 milliards supplémentaires pour les trois géants de Detroit.
Mais pour le gouvernement Bush, les constructeurs devraient se contenter des 25 milliards de dollars de prêts déjà destinés à réorienter la production vers des modèles plus écologiques.
La crise financière fait chuter les ventes des constructeurs tout en compliquant leur accès au crédit.
En Allemagne aussi, la puissante industrie automobile (750.000 emplois) a appelé à l'aide les pouvoirs publics. Une réunion de crise s'est ouverte lundi entre le gouvernement et les responsables d'Opel, filiale allemande de GM.
La Banque européenne d'investissement (BEI) a proposé d'augmenter de 10 à 15 milliards d'euros par an ses prêts pour aider le secteur automobile en Europe.
L'appel à une relance coordonnée pour contrer la crise économique, une première dans l'histoire, apparaît comme le principal résultat du sommet du G20 à Washington.
Le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, a estimé que la relance budgétaire devait primer sur le rétablissement de l'équilibre des finances publiques.
"C'est à la politique budgétaire de jouer le premier rôle", a-t-il déclaré au quotidien français Les Echos, tout en prônant de nouvelles baisses des taux d'intérêt par les banques centrales.
En Italie, le gouvernement se prépare à annoncer "dans les prochains jours" un "train de mesures d'un montant de 80 milliards d'euros en faveur des entreprises et des familles".
Le G20 a en outre souhaité une conclusion du cycle de Doha sur la libéralisation du commerce international avant la fin de l'année. Une "impulsion politique" dont s'est réjoui le directeur de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), Pascal Lamy, qui a souligné qu'elle devait se traduire par des avancées concrètes.
Le sommet du G20 a aussi consacré la place croissante des pays émergents (Chine, Inde, Brésil) sur l'échiquier mondial.
Pour le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, "tout le monde s'est accordé que la gouvernance politique mondiale requiert la participation des pays émergents".
Cet embryon de gouvernement économique mondial, dont les membres génèrent 85% du PIB de la planète, doit se réunir de nouveau en avril, une fois M. Obama aux commandes.
Mais la réforme de la finance mondiale et des institutions multilatérales comme le FMI a été repoussée.
Les ministres des finances du G20 doivent faire des propositions avant le 31 mars : remise à plat des aspects de la régulation qui exacerbent les crises, normes comptables, transparence des marchés de produits dérivés, révision des pratiques de rémunération des dirigeants de banques et réforme des institutions financières internationales.
La crise a déjà sonné le glas de certains bonus faramineux alloués dans la finance: sauvée en octobre par les pouvoirs publics, la banque suisse UBS a annoncé que ses dirigeants ne toucheraient pas de bonus cette année, comme l'avait annoncé la veille sa consoeur américaine Goldman Sachs.