L'inflation a poursuivi son reflux en octobre en France, à la faveur de la chute des prix du pétrole, seule bonne nouvelle pour le pouvoir d'achat des ménages et l'économie, au moment où la récession guette.
Les prix à la consommation ont baissé de 0,1% sur le mois et la hausse est ramenée à 2,7% sur un an, après 3% en septembre et un pic en juillet à 3,6%, a annoncé jeudi l'Insee.
"C'est l'un des seuls rayons de lumière de cette triste fin d'année pour l'économie française", estime Alexander Law, du cabinet Xerfi.
"Je pense qu'on a maintenant passé le cap de cette période pénible d'inflation qui était liée principalement à la hausse des matières premières, du prix du pétrole en particulier", a réagi de son côté auprès de l'AFP la ministre de l'Economie, Christine Lagarde.
Le reflux de l'inflation s'explique en effet par la forte diminution des prix de l'énergie, qui ont chuté de 3,7% en octobre.
Selon les économistes, ce repli va se poursuivre dans les prochains mois, alors que les prix du brut ont effleuré jeudi le seuil de 50 dollars, touchant un plus bas depuis trois ans et demi.
Certains prix ont continué d'augmenter, comme ceux des produits frais (+3,6%). "C'est très saisonnier", a relativisé Mme Lagarde, selon laquelle "on bénéficie à plein de la baisse des prix pétroliers".
Pour la ministre, ce reflux constitue "évidemment un facteur significatif de soutien du pouvoir d'achat" des Français et devrait contribuer à "soutenir la consommation".
Plus circonspect, Jean-Christophe Caffet, économiste chez Natixis, prévient que "tout dépendra des choix d'allocation des ménages entre la consommation et la reconstitution d'une épargne de précaution", sur fond de remontée du chômage.
La morosité du marché de l'emploi risque aussi de peser sur les salaires et de gommer partiellement l'impact positif de la baisse des prix.
Ainsi, pour Marc Touati, de Global Equities, ce reflux est "une bonne nouvelle pour le pouvoir d'achat des Français, mais seulement temporairement".
Car dans le même temps, la France est "affectée par un recul de son activité, qui devrait aggraver les destructions d'emplois enregistrées au deuxième trimestre et affaiblir par là même le moteur premier du pouvoir d'achat, en l'occurrence les salaires".
Les chiffres de l'emploi salarié publiés vendredi devraient en effet faire ressortir de nouvelles destructions d'emplois au troisième trimestre.
La publication le même jour des chiffres de la croissance risque aussi de confirmer que la France est entrée en récession - définie techniquement par deux trimestres consécutifs de recul du PIB -, comme le prédisent de nombreux analystes.
Après une contraction du Produit intérieur brut (PIB) de 0,3% au deuxième trimestre, l'Insee tablait dans ses dernières prévisions sur une baisse de 0,1 point aux troisième et quatrième trimestres.
La récession a déjà gagné l'Allemagne, première économie européenne, son PIB ayant reculé de 0,5% au troisième trimestre après une contraction de l'activité de 0,4% au deuxième.
Pour Marc Touati, "les principaux risques ne résident plus dans l'inflation, mais dans la récession, voire dans la déflation", soit la baisse durable des prix.
Le repli de l'inflation "intervient trop tard pour éviter la récession", juge pour sa part Alexander Law. Selon l'économiste, la hausse du PIB atteindra "0,9% au mieux cette année, avant une hausse de 0,6% l'an prochain dans un contexte de remontée toute progressive de la consommation à compter du second semestre".