La Banque mondiale a annoncé un quasi-triplement des capacités de prêts de sa filiale travaillant avec les Etats, la Banque internationale de reconstruction et développement (BIRD), pour aider les pays en développement à faire face aux conséquences de la crise.
"Cet accroissement du soutien financier protègera les plus pauvres et les plus vulnérables, soutiendra les pays confrontés à de lourds manques à gagner pour leur budget, et aidera à maintenir les investissements à long terme dont dépendront leur rétablissement et leur développement", a expliqué la Banque mondiale mardi.
Cette initiative vise à contrer les retraits de capitaux privés de ces pays qui risquent de s'accélérer avec l'intensification de la crise.
Selon la Banque mondiale, "les flux privés (de capitaux) vers les pays en développement vont (...) baisser de 1.000 milliards de dollars en 2007 à environ 530 milliards en 2009, c'est-à-dire de 7,7% à 3,0% du PIB de ces pays".
L'institution basée à Washington anticipe donc que la demande pour ses prêts augmente fortement. Lors de l'exercice 2008/2009 (se terminant fin juin), les prêts de la BIRD "pourraient presque tripler, à plus de 35 milliards de dollars", comparés à 13,5 milliards en 2007/2008, a-t-elle précisé.
"Nous avons des demandes. Même ce week-end il y en a eu que j'ai reçues quand j'étais au Brésil (au sommet du G20 à Sao Paulo, ndlr). C'est ce qui nous amène à faire l'estimation que pour l'année à venir, nous pourrions être dans les environs des 35 milliards" de dollars, a expliqué lors d'une conférence téléphonique le président de la Banque mondiale Robert Zoellick.
Sur trois ans, les prêts pourraient atteindre 100 milliards. Ce chiffre "est une façon de reconnaître qu'étant donné notre capital, nous pourrions pousser notre effort pour fournir des prêts supplémentaires", a indiqué M. Zoellick.
Interrogé sur l'identité des destinataires, le président de la Banque mondiale a cité "des pays qui avaient des programmes macro-économiques très sains, comme le Mexique, l'Indonésie, et qui sont dans une position où ils ne sont pas en danger financièrement, mais inquiets quant à leur capacité à obtenir des financements pour maintenir leur budget".
M. Zoellick a encore cité "la Colombie" ou "des pays en Europe centrale et de l'Est qui sont soumis à des tensions, comme la Hongrie et l'Ukraine".
"Nous tâchons de nous assurer que nos fonds se concentrent sur le développement", a ajouté M. Zoellick.
La Banque mondiale a abaissé sa prévision de croissance pour les pays en développement à 4,5% pour 2009, contre 6,4% prévus en juillet, tandis que la croissance mondiale devrait être de seulement 1,0%.
"Le risque existe que l'investissement dans les pays en développement soit emporté par une forte tempête, avec la convergence d'une croissance mondiale qui ralentit, le retrait des capitaux et des prêts du secteur privé, et des taux d'intérêt plus élevés, alors que les prix des matières premières plus bas à moyen terme vont déprimer les nouveaux investissements dans le secteur des ressources naturelles", a relevé l'institution multilatérale.
Les pays les plus pauvres du monde (au nombre de 78, dont la moitié en Afrique) ne peuvent pas emprunter à la BIRD et travaillent avec une autre filiale de la BM, l'Association internationale de développement (AID).
"Le groupe Banque mondiale travaille également pour accélérer les subventions et les prêts à taux zéro pour ces pays. Les donateurs ont promis l'an dernier 42 milliards de dollars pour l'IAD", a rappelé l'institution.