Le géant allemand de la logistique Deutsche Post a mis fin lundi à son aventure ruineuse dans la livraison express aux Etats-Unis, qui aura coûté au total près de 15.000 emplois et englouti plusieurs milliards d'euros.
Le groupe allemand, encore détenu à hauteur de 31% par l'Etat, a annoncé qu'il allait arrêter à compter du 30 janvier ses livraisons express sur le marché domestique américain, gérées par sa filiale DHL, pour se concentrer sur les expéditions internationales.
Conséquence: 9.500 emplois vont être supprimés, en plus des 5.400 déjà sacrifiés cette année dans cette division très lourdement déficitaire.
Le bilan social total risque d'être plus lourd: selon la presse allemande, quelque 20.000 emplois dépendraient, via des sous-traitants, de DHL Express.
La restructuration va coûter 3 milliards d'euros sur deux ans, et vaudra à Deutsche Post d'essuyer une perte nette cette année. L'entreprise n'a pour autant pas renoncé à payer un dividende, a assuré son patron Frank Appel lors d'une conférence de presse.
"Il n'y a pas d'alternative" à ce plan social, a assuré M. Appel.
En quittant le marché domestique américain des livraisons express, l'ex-monopole met fin à une stratégie particulièrement ruineuse, en termes d'emplois comme de finances.
Certains commentateurs n'hésitent pas à comparer Deutsche Post au constructeur automobile Daimler, qui a également soldé sans gloire son aventure aux Etats-Unis en se séparant de sa filiale Chrysler.
C'est fin 2002 que le groupe allemand, fraîchement privatisé, prend entièrement le contrôle de l'entreprise américaine DHL.
Et en 2003, sous la houlette de son ancien patron Klaus Zumwinkel, Deutsche Post se lance définitivement sur le marché domestique américain en rachetant les opérations terrestres de la société Airborne.
Depuis cette date, l'activité de livraison express aux Etats-Unis a coûté au total 7,5 milliards d'euros à sa maison mère, a évalué M. Appel.
En mai, le groupe allemand avait lancé une dernière tentative pour redresser cette activité, réduisant son offre et tentant de mettre en place, jusqu'ici en vain, une coopération avec son rival UPS. Mais la crise économique est venue balayer les derniers espoirs qui reposaient sur DHL.
Sans compter que Deutsche Post doit encore soutenir une autre filiale à problèmes, la Postbank, qui a besoin d'une injection de capital urgente pour faire face à la crise financière.
Le groupe de logistique a prévenu lundi qu'il ne se contenterait pas de cette restructuration exceptionnelle, mais qu'il entendait durcir son programme de réduction à long terme des coûts. Il entend désormais abaisser définitivement d'un milliard d'euros ses dépenses annuelles, contre un précédent objectif de 500 millions d'euros d'économies.
Interrogé sur d'éventuelles suppressions d'emplois hors des Etats-Unis et notamment en Allemagne, M. Appel a répondu: "Pour l'instant nous n'avons pas de projets en ce sens."