Le constructeur automobile américain Ford a annoncé vendredi une perte pour le troisième trimestre de 129 millions de dollars, moins mauvaise que l'an dernier, mais bien plus lourde que ne l'attendait le marché une fois exclus les éléments exceptionnels.
La perte de 129 millions de dollars est à comparer avec une perte de 380 millions de dollars à la même période de l'année précédente, selon un communiqué publié par le numéro deux américain de l'automobile.
Par action, cette perte représente 0,06 dollar. Mais hors éléments exceptionnels, elle atteint 1,31 dollar, alors que les analystes ne la voyaient pas dépasser 0,93 dollar.
Ford, qui a vu ses ventes s'effondrer de plus de 30% en septembre et octobre aux Etats-Unis, a annoncé qu'il prévoyait de réduire de 10% supplémentaires ses coûts salariaux en Amérique du Nord.
La réduction des pertes nettes a été facilitée par la suppression de plus de deux milliards de dollars d'engagements de retraites, transférés à une nouvelle entité à gestion syndicale.
Mais à 32,1 milliards de dollars, contre 41,1 milliards à la même époque de l'an dernier, le chiffre d'affaires est en recul de 22%, et sa part du marché nord-américain continue à refluer: 12,4% au 3e trimestre, contre 13,4% un an plus tôt.
En outre, le groupe est déficitaire à l'opérationnel, de 2,7 milliards de dollars, à périmètre constant. Il y a un an, le constructeur avait dégagé un petit bénéfice opérationnel de 194 millions de dollars.
Ford a consommé quelque 7,7 milliards de dollars de liquidités sur le trimestre. Il lui en reste 29,6 milliards en caisse.
Le directeur général Alan Mullaly, qui s'était rendu au Congrès jeudi pour obtenir des aides financières, a expliqué que les dirigeants du secteur attendaient avec impatience le déblocage de 25 milliards de prêts votés il y a quelques semaines. "Il y a des indications que nous pourrions arriver à une conclusion dès le 4e trimestre", s'est réjoui M. Mullaly lors d'une téléconférence.
Mais sans attendre, les constructeurs plaident aussi pour des aides supplémentaires: il s'agirait d'obtenir une ligne de crédit-relais sur laquelle ils pourraient tirer en cas de besoin, a expliqué M. Mullaly.
En revanche Ford ne pense pas accéder au paquet de 700 milliards de dollars débloqué par l'administration pour sauver le système financier, sa filiale Ford Credit n'étant pas en mesure de se réclamer du statut de holding bancaire.
Cette filiale financière, ancienne vache à lait du groupe, a affiché au 3e trimestre un modeste bénéfice net, en dépit de la crise du crédit, à 95 millions de dollars, contre 334 millions de dollars l'an dernier.
Sur l'année, le constructeur a répété que ses résultats seraient "pires" que ceux de 2007, qui étaient en perte de 2,7 milliards de dollars, mais il s'est refusé à tout chiffrage.
"Nous continuons à prendre des mesures rapides et décisives pour mettre en place notre plan (de redressement, ndlr) et réagir aux changements rapides du climat économique", a commenté dans un communiqué M. Mullaly.
"Les mesures prises sont fondées sur les attentes d'un repli du secteur automobile mondial plus profond, plus large et plus long qu'on ne l'attendait auparavant", explique Ford, en tablant sur des volumes encore en déclin en 2009, avant "une certaine" reprise en 2010.
Le constructeur prévoit de produire 430.000 véhicules au quatrième trimestre en Amérique du Nord, plus qu'au troisième mais bien moins que l'an dernier. Sur l'année, le constructeur prévoit une production totale de 2,225 millions de véhicules, 604.000 de moins qu'en 2007. S'y ajouteraient 1,89 million d'unités produites par ses usines européennes et 373.000 par la filiale suédoise Volvo.
Ford a annoncé qu'il se concentrerait sur la production de véhicules peu consommateurs en carburant, et réduirait les dépenses liées à la construction de "grands véhicules dans des secteurs en déclin". Il a notamment fondé des espoirs sur le lancement en Europe de la petite Ford Ka, qui pourrait bénéficier de son apparition dans le dernier film de James Bond.