Les prix du pétrole ont de nouveau fini sur une forte baisse jeudi à New York, après avoir déjà perdu cinq dollars la veille, reflet des inquiétudes des investisseurs sur l'état de la demande de pétrole alors que les signes de récession se multiplient.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" pour livraison en décembre a fini à 60,77 dollars, en baisse de 4,53 dollars par rapport à la clôture de mercredi. Le cours revient ainsi à son plus bas niveau depuis mars 2007.
A Londres, le baril de brent de la mer du Nord à échéance identique a lâché 4,44 dollars à 57,62 dollars.
"L'enthousiasme autour de l'élection de Barack Obama s'est estompé et le marché est maintenant confronté à la dure réalité d'une économie mondiale qui ralentit", a indiqué Phil Flynn, d'Alaron Trading.
L'état de la demande obnubile le marché alors que le cours du baril évolue entre 60 et 70 dollars depuis deux semaines environ. Il est tombé de près de 10 dollars en deux jours, se rapprochant du seuil des 60 dollars.
Le rapport hebdomadaire du département à l'Energie mercredi avait de nouveau montré une baisse de la consommation aux Etats-Unis, et les mauvais chiffres de croissance se multiplient.
Le Fonds monétaire international (FMI) entrevoit une récession dans les pays développés en 2009, avec une contraction de l'activité qui devrait atteindre 0,3% et serait la première depuis 1945.
Les facteurs de soutien sont très difficiles à trouver. L'explosion d'un oléoduc reliant l'Irak au sud de la Turquie n'a pas fait réagir le marché.
"Il y a à peine quelques mois, cette information aurait fait prendre 2 ou 3 dollars au marché. Désormais, ce n'est qu'une pensée secondaire, remplacée en importance par un dollar qui se raffermit après les baisses de 1,5 point de pourcentage de leurs taux par la Banque centrale suisse et la Banque d'Angleterre, et bien sûr celle de 50 points de base de la Banque centrale européenne", a constaté John Kilduff, de MF Global.
Une hausse du dollar, monnaie dans laquelle sont libellés les échanges, rend le pétrole moins attractif aux investisseurs munis d'autres devises.
"Ce que la chute des prix permet, en revanche, c'est un report des projets importants destinés à développer la production", a toutefois relevé John Kilduff.
Or l'Agence internationale de l'énergie (AIE) vient d'appeler à des investissements massifs dans les vingt ans à venir si le monde veut éviter un nouveau choc pétrolier, qu'elle estime à 26.000 milliards de dollars à investir dans les infrastructures énergétiques d'ici à 2030.
Et même si ces investissements sont faits, l'AIE estime que le prix du baril sera de 100 dollars en moyenne entre 2008 et 2015 et de plus de 120 dollars après 2030 en dollars constants (hors inflation).
Par ailleurs, le marché gardait un oeil sur la tempête Paloma qui s'est formée dans les Caraïbes. Le golfe du Mexique, qui concentre un quart de la production américaine de brut, se trouve régulièrement sur la trajectoire de tempêtes et ouragans tropicaux.