Le géant de l'internet Google a annoncé mercredi qu'il préférait renoncer à un partenariat publicitaire avec Yahoo!, plutôt que de poursuivre des efforts potentiellement coûteux pour convaincre les autorités de la concurrence et les annonceurs.
"Persévérer risquait non seulement de lancer une longue bataille juridique, mais aussi de nuire aux relations établies avec des partenaires établis. Cela n'aurait pas été dans l'intérêt à long terme de Google ou de nos utilisateurs", s'est justifié son directeur juridique David Drummond.
"Déçu" de la décision de Google, Yahoo! a assuré dans un communiqué que l'abandon de cet accord ne remettait pas en cause sa stratégie.
"Les grands axes d'un renforcement de Yahoo! dans les recherches (publicitaires) ont été mis en place indépendamment du partenariat" avec Google, a fait valoir le groupe californien, qui voit s'envoler la perspective de gagner quelque 800 millions de dollar par an grâce à cette collaboration.
A en juger par la réaction des investisseurs, la fin de ce feuilleton pourrait toutefois se révéler une bonne nouvelle pour les actionnaires de Yahoo!, dont le titre prenait 7,43% à 14,32 dollars mercredi à la mi-journée.
Un analyste a expliqué à l'AFP sous le couvert de l'anonymat que la disparition du partenariat avec Google pourrait relancer des pourparlers avec Microsoft, dont l'offre de rachat de Yahoo! s'était heurtée à un refus au printemps dernier.
Le partenariat entre les deux moteurs de recherche était en effet l'une des défenses érigées par Yahoo! pour résister à l'offensive de Microsoft.
Sollicité, le groupe fondé par Bill Gates gardait le silence mercredi.
Le mois dernier, son PDG Steve Ballmer avait semé l'émoi en expliquant qu'il persistait à croire au bien-fondé de son offre, qui proposait 33 dollars pour chaque action Yahoo!, soit bien au-delà du cours actuel. Mais la société avait rapidement indiqué que les discussions n'avaient pas repris.
Pour l'analyste Henry Blodget, chez Silicon Valley Insider, la disparition du partenariat avec Yahoo! a pour inconvénient de lui retirer ses derniers arguments pour négocier des conditions favorables avec Microsoft.
"Si Yahoo! peut ramener Microsoft à la table des négociations, nous pensons qu'il obtiendra des termes bien plus mauvais que ceux auxquels il a dit non l'été dernier - et encore, c'est si Microsoft revient".
Yahoo!, dont le directeur général et fondateur Jerry Yang est très contesté par certains actionnaires, a annoncé il y a deux semaines le licenciement de 10% de ses effectifs, pour résister à la chute de ses revenus publicitaires.
Son bénéfice trimestriel a déjà été divisé par trois, et le groupe s'attend à une saison des fêtes "difficile".
Pour Google en revanche, l'impact de l'annulation du partenariat devrait être "minimal", selon M. Blodget. Le titre Google perdait néanmoins 3,98%, à 352,34 dollars.
Il faut dire que le groupe de Mountain View s'est déjà adjugé une solide position dominante, avec une part de marché des recettes publicitaires liées aux recherches sur internet estimée à "plus de 70%" par le ministère de la Justice (DoJ) américain.
Le patron des services de la concurrence du DoJ Thomas Barnett a souligné dans un communiqué que, s'il était entré en vigueur, "le partenariat (avec Yahoo!) aurait probablement privé les consommateurs des avantages de la concurrence", en monopolisant "90% ou plus" du marché de la publicité liées aux recherches sur internet.
Le partenariat, qui devait durer dix ans, aurait permis à Yahoo! d'afficher sur ses pages des liens sponsorisés négociés par Google, et de partager les revenus.
Mais son entrée en vigueur, initialement prévu en octobre, avait été reportée en raison des objections soulevées par les autorités de la concurrence, qui ont indiqué mercredi que "diverses modifications" proposées par les moteurs de recherche n'apaisaient pas leurs craintes.