Le constructeur automobile américain General Motors a enregistré un plongeon de 45% de ses ventes aux Etats-Unis en octobre, qu'il a qualifié de "pire mois" pour la profession depuis la Seconde Guerre mondiale.
"Si on tient compte de la croissance de la population, c'est probablement le pire mois pour les ventes automobiles de l'après-guerre", a souligné le vice-président des ventes de GM pour l'Amérique du Nord, Mark LaNeve.
"Cela fait trois ans que le marché se réduit, mais en octobre nous avons vu un déclin dramatique pour le secteur et pour GM", a-t-il ajouté.
Le numéro deux du marché, le japonais Toyota, a reculé de près de 26%. Les autres constructeurs américains sont aussi en net repli: -30% pour Ford et -35% pour Chrysler, selon des chiffres diffusés individuellement par les groupes.
Le marché dans son ensemble a chuté de 31,9%, selon les calculs du cabinet Autodata, qui table désormais sur un marché de 10,56 millions d'unités en 2008, ce qui serait "le plus bas niveau enregistré depuis 1983".
GM a certes gardé sa place de leader du marché nord-américain, avec 170.585 voitures vendues. Mais les difficultés des Américains à obtenir des crédits et le net ralentissement de leurs dépenses ont fait chuter de plus de 34% ses ventes de berlines et de 51% celles de véhicules lourds (pick-ups, 4x4, monospace...).
Pour autant le constructeur a maintenu son objectif de produire 875.000 véhicules pour le quatrième trimestre, en reflux de 16% sur l'année.
Chez JPMorgan Chase, l'analyste Himanshu Patel a mis pour partie au moins cet effondrement du marché sur le compte de la fin d'une opération de promotions qui avait soutenu les ventes en septembre.
GM a annoncé qu'une nouvelle opération promotionnelle débuterait dès mardi. Chrysler a prolongé de son côté à novembre ses promotions.
Après un mois de septembre désastreux (-34%), Ford a pu respirer un peu en octobre, étant le seul des trois constructeurs à réaliser une performance moins mauvaise que ne l'avait anticipé le site spécialisé Edmunds.com (-37,2%).
L'environnement économique, "qui n'a pas été vu depuis plus de deux décennies", n'a pas empêché de bonnes ventes des gros "pick-up" de la gamme F, s'est réjoui le groupe de Dearborn (Michigan, nord).
Dans ce contexte, le constructeur a assuré être "en position de force", malgré le ralentissement économique, pour lancer son nouveau F-150, son pick-up vedette aux performances améliorées en matière de consommation. Ford a également souligné de bonnes performances de ses berlines Ford Focus et fusion ainsi que de ses petits 4x4 Ford Escape et Mercury Mariner.
"Des conditions extérieures difficiles sont la meilleure occasion de rivaliser sur le marché", a commenté le groupe, qui compte lancer au cours des neuf prochains mois neuf nouveaux modèles et deux hybrides (essence/électricité), des modèles censés compter pour 45% des volumes produits par Ford en 2009.
Pourtant l'avenir à court terme s'annonce sombre: novembre est traditionnellement l'un des pires mois de l'année pour les ventes de voiture.
En outre, comme l'a souligné une analyste de Edmunds.com, Michelle Krebs, "les spéculations frénétiques sur l'avenir des constructeurs de Detroit, allant de fusions à des faillites, ajoutent sûrement aux réticences des consommateurs à acheter une voiture".
Aux dernières nouvelles, le fonds Cerberus, propriétaire du troisième constructeur américain Chrysler, serait en discussions avec GM pour lui céder la société. L'opération serait toutefois bloquée par le refus du Trésor américain d'accorder une aide d'une dizaine de milliards de dollars à General Motors pour faciliter son absorption de Chrysler, selon la presse.