Dos au mur, le plus petit des constructeurs automobiles de Détroit, Chrysler, a annoncé vendredi la suppression d'un quart de ses effectifs administratifs, en intensifiant son recours aux licenciements secs.
Jusqu'à 5.000 postes seront supprimés, et tous les sites du constructeur seront touchés, a indiqué un porte-parole du constructeur, David Elshoff.
L'idée est d'obtenir un maximum de départs volontaires en novembre, mais s'il n'y en a pas assez, des licenciements secs seront réalisés d'ici à la fin décembre, a-t-il précisé, interrogé par l'AFP.
Cette annonce intervient au lendemain de celle de la fermeture d'une usine dans le Delaware (nord-est des Etats-Unis), avancée de près d'un an sur le planning prévu, accompagnée de la restructuration d'une autre, ce qui se traduira par la suppression de 1.825 postes.
"Les marchés font face à des perturbations sans précédent et nous traversons une période de changements historiques dans le secteur automobile", avait justifié jeudi le vice-président chargé de la fabrication, Frank Ewasyshyn.
Une première charrette de 1.000 suppressions de poste annoncée en juillet chez les cols blancs avait déjà entraîné 250 licenciements secs en septembre.
Le constructeur, qui appartient au fonds Cerberus depuis août 2007, se débat dans un marché automobile en chute libre, où ses gros modèles, les plus vendus, ne correspondent plus à la demande: ses ventes ont reculé de 33% en septembre.
Objet de spéculations de plus en plus fortes sur un rapprochement avec un constructeur concurrent, Chrysler comptait à fin septembre quelque 66.000 employés. Il a perdu 1,9 milliard de dollars en 2007, et à peu près 400 millions de dollars depuis le début de l'année 2008, selon la presse.
La crise étant généralisée dans le secteur automobile américain, les autres constructeurs de Détroit taillent également dans leurs effectifs.
General Motors, en dépit du succès d'un guichet départ cette année, a annoncé jeudi des licenciements secs pour les mois qui viennent, alors que depuis 2005 il a déjà supprimé 34.000 postes, pour ne plus garder que 106.000 salariés.
Le troisième, Ford, a ouvert un guichet départ cette année qui lui a permis de faire partir 15% de ses salariés.
Le président du conseil d'administration de Chrysler, Robert Nardelli, a souligné vendredi que la société traversait "la période économique la plus difficile dont on puisse se souvenir", dans un courriel adressé à ses salariés.
Il y a dix jours, il leur avait annoncé que des pourparlers avaient été ouverts avec plusieurs sociétés en vue d'un rapprochement - General Motors, qui cumule lui-même 66 milliards de pertes nettes depuis 2005, semblant le principal candidat.
Ce sont "les banquiers qui orchestrent l'opération", avait expliqué à l'AFP une source proche de Chrysler la semaine dernière, confirmant des rumeurs de marché selon lesquelles Cerberus et la banque JPMorgan Chase, principal créancier des deux constructeurs, poussaient à un accord, qui permettrait au moins à GM de mettre la main sur les 11 milliards de liquidités de Chrysler.
Le constructeur allemand Daimler, ancien propriétaire de Chrysler dont il a gardé presque 20% du capital, cherche à se débarrasser de ses parts dans une société dont la survie semble de plus en plus menacée.
"La valeur comptable (des parts dans Chrysler), c'est zéro", a déclaré le directeur financier de Daimler Bodo Uebber.
Quant au Français Renault, il a répété à plusieurs reprises cette semaine qu'il n'était pas en pourparlers avec Chrysler, mais la presse se fait l'écho d'une possible prise de participation par son partenaire japonais Nissan.