La bourse de Buenos Aires semblait jeudi retrouver son calme, après le vent de panique soulevé mercredi par l'annonce de la nationalisation prochaine des caisses de retraite privées en Argentine, mais la situation restait tendue sur d'autres places financières en Amérique latine.
La bourse de Buenos Aires, qui a d'abord ouvert en baisse de 0,93%, s'est rapidement reprise pour revenir à la hausse, l'indice Merval faisant un bond de 4,54% moins d'une heure et demie après l'ouverture. La veille, la bourse argentine avait cédé à la panique, perdant plus de 10% au terme d'une journée particulièrement tendue, qui avait vu l'indice Merval dégringoler de plus de 16% en cours de séance.
Ce vent de panique avait également soufflé en Espagne où la bourse de Madrid a perdu plus de 8% mercredi, entraînée dans sa chute par les sociétés implantées en Argentine, comme le groupe pétrolier Repsol-YPF ou de télécommunications Telefonica.
Jeudi, la bourse de Madrid est restée dans le rouge, cédant 4,57% à la mi-journée, une nouvelle fois entraînée à la baisse par les titres de ses sociétés présentes en Argentine.
Le président du patronat espagnol, Gerardo Diaz Ferran, a manifesté jeudi son inquiétude en soulignant que la situation en Argentine était "mauvaise" pour les entreprises espagnoles. M. Ferran est lui-même à la tête d'une entreprise très présente en Argentine, le groupe Marsans, qui négocie depuis des mois sa sortie du capital d'Aerolineas Argentinas depuis la décision du gouvernement argentin de renationaliser cette compagnie aérienne.
"Il sont en train de nous expulser à coups de bâton", a-t-il commenté, ajoutant néanmoins qu'il espérait que la sortie se ferait "de la meilleure façon possible".
Interrogé par l'AFP, un responsable gouvernemental à Buenos Aires, n'a pas souhaité commenté cette déclaration. Il s'est en revanche efforcé d'apaiser les craintes des marchés en soulignant notamment que le gouvernement n'avait nullement l'intention d'intervenir dans la gestion des entreprises où les fonds de retraite privés ont des participations. "En aucune manière, ce n'est pas notre intention et nous ne pourrions de toutes façons pas le faire d'un point de vue légal", a affirmé ce responsable ayant souhaité garder l'anonymat.
Le gouvernement argentin avait dès mercredi reçu les représentants d'entreprises espagnoles pour les assurer de la continuité de la sécurité juridique en Argentine. Le gouvernement espagnol a de son côté indiqué jeudi "être en contact" avec son homologue argentin pour "défendre les intérêts" de ses entreprises.
Si la situation semblait s'apaiser sur les marchés argentins, il n'en est pas allé de même sur d'autres places financières d'Amérique latine. La bourse de Sao Paulo au Brésil a ouvert jeudi en baisse de 3,36%, reprenant sa longue descente aux enfers après avoir terminé mercredi en baisse de 10,18%. Le real brésilien a également continué à céder du terrain devant le dollar en s'échangeant 2,495 pour un dollar, soit une baisse de 4,61% par rapport à mercredi. La bourse brésilienne a déjà perdu plus de 45% depuis le début de l'année.
La Bourse de Mexico a également ouvert en baisse, mais plus limitée, à -0,76%, après avoir chuté de plus de 7% mercredi, en raison des craintes liées à une récession et à la crise financière mondiale.