La Bourse de Paris a de nouveau dégringolé jeudi, le CAC 40 clôturant en chute de 5,92%, dans un marché toujours tourmenté par de sombres perspectives économiques alors qu'une série d'indicateurs défavorables alimente les craintes d'une récession aux Etats-Unis.
L'indice vedette a lâché 200,07 points à 3.181,00 points, dans un volume d'échanges de 6,552 milliards d'euros, après avoir déjà perdu 6,82% la veille.
Il efface ainsi quasiment le rebond enregistré en début de semaine et revient au niveau de vendredi soir atteint à l'issue d'une baisse hebdomadaire record (plus de 22%).
Londres abandonnait 5,35% et Francfort 4,91%, tandis que l'Eurostoxx 50 reculait de 5,98%.
La place parisienne, qui avait momentanément limité sa chute après une ouverture en petite hausse de la Bourse de New York, a ensuite replongé nettement, à mesure que Wall Street creusait ses pertes. A 17H15 (15H15 GMT), le Dow Jones se repliait de 3,67% et le Nasdaq de 3,26%.
Encore inquiet des répercussions de la crise financière, le marché restait affolé par les craintes de récession aux Etats-Unis, après la publication d'une série d'indicateurs défavorables, dont la forte chute en septembre de la production industrielle américaine.
"Ces mauvais indicateurs ont contribué à alimenter le blues des marchés, alors que les investisseurs se tournent vers les perspectives de l'économie réelle", souligne Yves Marçais, vendeur d'actions parisien chez Global Equities.
Selon lui, outre la conjoncture économique morose, la chute est également nourrie par "les ventes massives des +hedge funds+ (fonds spéculatifs, ndlr) qui se débarrassent de leurs titres" afin de trouver les liquidités dont ils ont besoin.
Les signes de ralentissement économique en Europe ne sont pas fait pour réconforter les investisseurs. Les pays de l'Union européenne ont annoncé jeudi qu'ils prendraient "les mesures nécessaires pour soutenir la croissance et l'emploi", mais le président de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker a rejeté l'idée d'un "programme de relance généralisé" de l'économie.
Les analystes de la maison de courtage Aurel observent de leur côté "un impact important de la crise financière sur les conditions de financement et sur la confiance des chefs d'entreprises".
"Un mouvement de déstockage, de réduction des coûts de production et de révision à la baisse des projets d'investissement ne fait aucun doute dans les prochaines semaines", pronostiquent-ils.
Les valeurs industrielles sensibles à la conjoncture chutaient, Bouygues lâchant 11,10% à 27,11 euros, Vinci 9,24% à 25,11 euros, Saint-Gobain 7,84% à 25,39 euros et Lafarge 7,54% à 53,59 euros.
La défiance plombait toujours les valeurs financières, après l'annonce des autorités suisses d'une aide de 60 milliards de dollars destinée à la banque UBS durement touchée par les "subprime": Axa a perdu 12,51% à 16,33 euros, Société Générale 8,59% à 44,54 euros, Dexia 7,29% à 4,68 euros, BNP Paribas 7,07% à 55,00 euros, et Crédit Agricole 6,59% à 10,27 euros.
"Les garanties d'Etat ne rassurent pas sur la situation des banques, car elles n'y feraient appel qu'en dernier ressort", note Yves Marçais.
Total (-9,19% à 33,20 euros) et Vallourec (-8,80% à 97,08 euros) ont continué de pâtir de la baisse continue des prix du pétrole.