Le grand bal de la présentation des résultats des entreprises de Wall Street a débuté hier sur une sacrée fausse note. Alcoa, le géant de l'aluminium, a présenté au marché un bénéfice net divisé par deux en un an du fait de la baisse de la demande et des prix de l'aluminium, combinée à une hausse des coûts de production. Fait aggravant, le résultat par action est ressorti nettement inférieur aux attentes des analystes. Rien d'étonnant donc qu'UBS, RBS et S&P aient réduit de façon drastique leurs objectifs de cours. Rien de surprenant donc à voir le titre chuter de 17% à 13,87 dollars.
Au troisième trimestre, le bénéfice d'Alcoa s'est établi à 268 millions de dollars, ou 0,33 dollar par action. Ce BPA comprend une charge de 4 cents par action, annoncée début septembre, liée à la fermeture de la fonderie de Rockdale au Texas. Le consensus tablait sur un BPA de 0,54 dollar. Le chiffre d'affaires a reculé de 5% sur un an à 7,2 milliards de dollars.
Concernant ses perspectives, Alcoa a évoqué des « marchés volatiles et incertains ». Il anticipe cependant à moyen terme une hausse des prix de l'aluminium avec la reprise de la demande mondiale. Le groupe a fait état de coûts élevés à la production, qui « ont compressé les marges ». Selon lui, ce phénomène « aura un impact encore plus grand à l'avenir ».
Selon une source de marché, UBS a révisé à la baisse son objectif de cours sur Alcoa de 25 à 23 dollars. Royal Bank of Scotland a abaissé le sien à 24 dollars, contre 37 dollars auparavant. De son côté Standard & Poors a dégradé sa recommandation sur la valeur d'Achat à Vendre avec un objectif de cours de 12 dollars au lieu de 26 dollars.
Aux Etats-Unis, l'état d'esprit « bullish » résiste à la crise actuelle. Si un analyste du broker américain Desjardins Securities a fait part de sa déception vis-à-vis des résultats, il reste à l'Achat sur le titre en raison de ses estimations conservatrices du prix de l'aluminium d'1,30 dollar la livre.
(P-J.L)
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LE SECTEUR DE LA VALEUR
Produits de base - Métaux
La Chine consomme toujours plus de métaux. Ce pays consomme déjà un tiers de la production mondiale d'aluminium, d'étain, de zinc, de plomb et un quart de la production de cuivre ou de nickel. Selon les analystes, en extrapolant les tendances actuelles (en termes de consommation, et d'équipement), la Chine devrait consommer 60% des métaux dans le monde dans dix ans. C'est pourquoi plusieurs mesures ont été prises pour sécuriser ses approvisionnements. Face à l'envolée des cours des matières premières, la Chine a décidé de constituer des stocks stratégiques de minerais et métaux. Les autorités ont également interdit l'exploitation de certains gisements d'or, de cuivre et de charbon du sous-sol national, et ont fixé des quotas d'exportation de certains minerais rares. Les entreprises nationales sont incitées à investir dans les gisements à l'étranger. Le fonds souverain CIC, doté de 200 milliards de dollars, a été créé pour mener des prises de participation dans des entreprises occidentales.