La Bourse de New York évoluait en forte baisse lundi en matinée, le Dow Jones tombant sous les 10.000 points pour la première fois depuis quatre ans, minée par l'aggravation de la crise financière en Europe: le Dow Jones perdait 3,81% et le Nasdaq 5,09%.
Vers 14H30 GMT, le dow jones industrial average (djia) lâchait 393,30 points, à 9.932,08 points. Il n'était pas passé sous les 10.000 points depuis octobre 2004.
Le Nasdaq, à dominante technologique, cédait 99,20 points à 1.848,19 points et l'indice élargi Standard & Poor's 500 4,69% (51,52 points), à 1.047,71 points.
Ces reculs restaient moins importants que les plongeons constatés en Europe, notamment sur les Bourses de Paris et Francfort qui perdaient plus de 6%.
Vendredi, Wall Street avait terminé en baisse, repassant dans le rouge après le vote et la promulgation du plan de sauvetage de système financier américain, alors que le marché attendait d'en voir les effets concrets: le Dow Jones avait cédé 1,50%, le Nasdaq 1,48%, et le S&P 500 1,35%.
"C'est une crise de confiance que nous avons là. Si vous n'avez pas confiance dans le futur, pourquoi acheter une nouvelle maison ou des actions, et pourquoi les banques prêteraient-elles de l'argent?" s'est interrogé Al Goldman, de Wachovia Securities.
"En 48 ans sur le marché, je n'ai jamais vu une confiance dans le futur aussi faible", a ajouté l'analyste.
"C'est assez simple: les investisseurs sont réticents à croire que le plan de sauvetage va produire un effet rapide sur le système financier et l'économie mondiale", a estimé Patrick O'Hare, de Briefing.com.
Le plan de 700 milliards de dollars a été adopté vendredi par le Congrès et promulgué par le président George W. Bush.
Mais le président américain a averti samedi qu'il ne produirait pas immédiatement les effets bénéfiques escomptés.
Et l'aggravation de la crise en Europe "a augmenté le niveau de l'anxiété sur le marché", selon M. O'Hare.
Après la cascade de défaillances annoncées la semaine dernière, la banque allemande Hypo Real Estate (HRE), dont les difficultés font craindre une propagation à l'ensemble du secteur financier européen, a été renflouée in extremis par le gouvernement et les autres banques allemandes.
La banque italienne UniCredit annonçait de son côté un plan anti-crise prévoyant une augmentation de capital de plus de 6 milliards d'euros.
Pendant ce temps, la France, l'Allemagne, la Grande-Bretagne et l'Italie ne sont pas parvenues à se mettre d'accord sur un éventuel fonds commun de soutien pour les banques, plusieurs gouvernements préférant annoncer en ordre dispersé des garanties exceptionnelles pour les dépôts des particuliers.
Face à cette nouvelle aggravation de la crise, la Réserve fédérale américaine (Fed) a annoncé qu'elle allait augmenter par étapes la ligne de refinancement accordée aux banques à travers un système d'enchères, de 300 milliards de dollars au total en octobre et novembre.
Elle a également annoncé qu'elle allait commencer à rémunérer les réserves des banques déposées chez elle.
Dans le secteur financier, les valeurs cédaient de nouveau sous le manque de confiance des investisseurs.
La banque Citigroup perdait 7,19% à 17,03 dollars, après avoir subi un revers judiciaire dans sa tentative de bloquer la fusion de ses concurrentes Wachovia (-7,89% à 5,72dollars) et Wells Fargo (-1,68% à 33,98 dollars).
Le groupe d'enchères sur internet eBay reculait de 5,91% à 17,82 dollars. Il va se renforcer dans les systèmes de paiement sur internet en rachetant la société Bill-Me-Later, et va reprendre les sites danois de petites annonces Den Bla Avis et BilBasen. Mais il va aussi supprimer 10% de ses effectifs.
Le groupe pharmaceutique Eli Lilly cédait 4,33% à 39,52 dollars. Il va lancer une offre d'achat amicale de 6,5 milliards de dollars sur la société de biotechnologies ImClone (+1,80% à 66,11 dollars), déjà convoitée par son concurrent Bristol-Myers Squibbs (-5,58% à 19,29 dollars).
Le marché obligataire profitait de la défiance pour les actions. Le rendement du bon du Trésor à 10 ans reculait à 3,468%, contre 3,644% vendredi soir, et celui à 30 ans à 3,950%, contre 4,123%.