Nicolas Sarkozy a assuré lundi que l'usine Renault de Sandouville, où un millier d'emplois doivent être supprimés dans le cadre d'un plan social, ne fermerait pas.
"Ce site ne fermera pas. Le président (de Renault, Carlos) Ghosn et Renault ont décidé d'y faire construire un véhicule utilitaire" en 2012, a déclaré M. Sarkozy à la presse après une rencontre à HUIS CLOS de plus d'une heure à Sandouville avec les représentants syndicaux du site et M. Ghosn.
"L'Etat est un des actionnaires de Renault. L'Etat travaille main dans la main avec le management de Renault. J'ai voulu voir les salariés et les syndicats pour leur expliquer cela", a-t-il poursuivi.
Reçu mardi dernier à l'Elysée, le PDG de Renault s'est engagé devant le chef de l'Etat à assurer la pérennité de ses sites français, notamment celui de Sandouville, après l'annonce en juin de 4.000 départs volontaires sur les sites français du constructeur automobile.
Les syndicats de Renault ont voté contre ce plan vendredi lors d'un Comité central d'entreprise (CCE) dont l'avis est consultatif, au cours duquel la direction a présenté des mesures d'accompagnement renforcées.
Ce plan prévoit la suppression de 1.000 emplois dans la seule usine de Sandouville, fragilisée par la mévente de la nouvelle Laguna.
La direction de Renault n'a pas souhaité communiquer sur le contenu des mesures du plan avant la tenue des comités d'établissements les 6 et 7 octobre. Dans un communiqué, elle a répété qu'elles concerneront "3.000 personnes non directement liées à la fabrication, auxquelles s'ajouteraient environ 1.000 personnes à l'usine de Sandouville" en Seine-Maritime.
Pour répondre à l'inquiétude des salariés, Nicolas Sarkozy a confirmé lundi à Sandouville que l'Etat allait garantir à Renault "un crédit impôts recherche à 30%" et "continuer à travailler sur la taxe professionnelle, qui est un point très important pour l'industrie".
Il a également annoncé que les syndicats seraient reçus cette semaine par le secrétaire d'Etat à l'emploi Laurent Wauquiez pour discuter de dispositions qui permettraient aux salariés de Sandouville "d'aller en formation avec 100% de leur salaire sans passer par la case chômage" ou encore de suivre une formation pendant qu'ils sont au chômage partiel "pour qu'il n'y ait pas de perte de pouvoir d'achat".
Nicolas Sarkozy a enfin indiqué qu'il allait étudier, avec ses partenaires de l'Union européenne (UE), la possibilité de "mettre en place des crédits à taux bonifiés pour aider l'industrie automobile européenne à s'adapter à la concurrence", comme viennent de le faire les Etats-Unis.
Dans la matinée, Nicolas Sarkozy avait renoncé à rencontrer les ouvriers de la chaîne de montage parce que, a-t-il dit, "il est difficile de rencontrer les salariés quand ils font grève", comme c'était le cas pour partie d'entre eux.
"Si j'étais venu sur les chaînes uniquement pour rencontrer ceux qui ne font pas grève, on m'aurait dit oui, vous choisissez la facilité, puisque vous ne rencontrez que ceux qui sont d'accord avec vous... En accord avec toutes les organisations syndicales, j'ai décidé de revenir un jour où ils ne seraient pas en grève", a ajouté M. Sarkozy.
Des grévistes se sont regroupés à l'appel de la seule CGT devant les portes de cette usine de 3.700 salariés fragilisée par la mévente de la nouvelle Laguna et minée par le chômage économique. "Sarkozy, t'es foutu les Renault sont dans le rue", ont scandé les manifestants, au nombre de 300 environ, qui ont allumé un feu de pneus et lancé des pétards.
Dans le rassemblement, figuraient des salariés de l'usine Renault de Cléon, près de Rouen et de sous-traitants comme Faurecia ou Plastic omnium. "Nous prenons acte de la construction d'un véhicule utilitaire en 2012 (annoncé par l'Elysée, mardi dernier, NDLR) mais nous nous interrogeons sur les volumes et sur ce que nous faisons d'ici là", a dit Fabrice Leberre délégué CGT.
A l'intérieur de l'usine, des salariés CGT qui voulaient approcher de la salle où le président Nicolas Sarkozy devait être reçu ont été repoussés par la police et maintenus à distance.
"Je n'ai jamais vu la police rentrer dans l'usine depuis qu'elle existe, même en 68, c'est une honte", a déclaré Lionel Lepage, délégué CGT.
"Avec les journées de chômage, les salariés perdent 400 euros par mois, ils veulent payer leur maison et des cadeaux à leurs enfants pour Noël, et voila ce qu'on leur fait", a dit un autre délégué CGT, Nicolas Guermonprez.