L'Autorité des marchés financiers (AMF) a ouvert une enquête sur la chute du titre de la banque française Natixis lors de sa récente augmentation de capital, a déclaré son secrétaire général, Gérard Rameix, affirmant disposer "d'éléments précis".
"J'ai décidé lundi d'ouvrir une enquête sur les conditions dans lesquelles certains grands acteurs ont contribué à la chute du titre Natixis lors de son augmentation de capital", a indiqué M. Rameix dans un entretien aux Echos paru mercredi.
"Je dispose d'éléments précis sur des arbitrages forcenés réalisés dans des conditions suspectes et qui ont entraîné des suspens, c'est-à-dire l'impossibilité de livrer les titres à l'échéance, ce qui est strictement contraire à des règles françaises anciennes", a-t-il ajouté.
Durement touchée par la crise des "subprime", Natixis a procédé du 4 au 19 septembre à une augmentation de capital qui lui a permis de lever 3,7 milliards d'euros afin d'assurer son refinancement.
Pendant cette période, le titre a perdu plus d'un quart de sa valeur.
Depuis le début de l'année, l'action Natixis a chuté de plus de 70%.
L'enquête lancée lundi est "distincte" de celles ouvertes il y a plusieurs semaines sur "la qualité de l'information relative aux +subprime+ dispensée non seulement par Natixis mais également par la Société Générale et Crédit Agricole-LCL", a précisé M. Rameix.
Les investigations sur la Société Générale devraient être bouclées "d'ici à la fin de l'année", "les deux autres courant 2009", a-t-il affirmé.
Par ailleurs, l'enquête sur la banque française Oddo sera achevée "très prochainement", a-t-il ajouté.
Pendant l'été 2007, Oddo avait fermé plusieurs fonds de placements, ce qui aurait fait perdre à ses clients quelque 350 millions d'euros.
Interrogé sur la crise financière, M. Rameix a estimé que son impact sur le système français n'était "pas encore aisé à cerner", prévoyant toutefois que les conséquences seront "importantes" et "plus difficiles à digérer" au niveau macroéconomique que dans leur seule dimension bancaire.
Afin de mieux réguler le marché, il souhaite notamment que l'AMF ait la possibilité de transmettre le résultat de ses investigations aux tribunaux civils saisis de plaintes d'épargnants.
"Nous ne pouvons (le) faire aujourd'hui pour des raisons de secret professionnel. Tout ne peut et ne doit pas être traité au pénal", a-t-il ajouté.