L'Etat allemand, les banques privées et la Banque centrale européenne (BCE) sont venus lundi à la rescousse de la banque immobilière Hypo Real Estate mais Berlin parle de liquidation de la banque, ce qui en ferait la première victime allemande majeure de la crise.
"Les dangers collatéraux" d'une faillite de la banque auraient été "énormes", a justifié lundi le porte-parole du ministère des Finances Torsten Albig, en dévoilant le rôle joué par Berlin dans l'opération, et ce alors qu'ailleurs en Europe les gouvernements mettaient aussi la main à la poche pour soutenir les banques.
Dans un premier temps les banques privées allemandes vont mettre 15 milliards d'euros et la BCE 20 milliards d'euros à la disposition Hypo Real Estate, confrontée depuis la défaillance de Lehman Brothers à un problème grave de liquidités.
Les 35 milliards d'euros mis à la disposition d'HRE sont garantis en grande partie par l'Etat allemand. Et ce pour éviter un risque de propagation d'une potentielle faillite à toute l'économie, a martelé lundi le ministre des Finances Peer Steinbrück.
Mais pas pour sauver la banque: "tous les actifs de la société seront placés dans un véhicule dédié" et "liquidés", a-t-il mis au point. Une précision de taille, alors que ni la banque elle-même, ni le ministère au cours de la journée n'avaient établi ce fait avec clarté.
Lundi soir d'ailleurs Hypo Real Estate ne parlait pas de liquidation, disant au contraire n'avoir pas besoin de capital frais, et prévoyant de recruter de nouveaux dirigeants, alors que deux membres du directoire sont déjà partis.
Dans le pire des cas, si la liquidation d'Hypo Real Estate ne rapportait rien, l'Etat encourt un risque de 27 milliards d'euros -- qui pourrait sérieusement mettre à mal l'objectif d'équilibre du budget fédéral à l'horizon 2011 -- et les banques privées un risque supplémentaire de 8 milliards. Mais Berlin a refusé de nationaliser la banque, malgré les demandes en ce sens de certains acteurs du secteur, a expliqué le ministre.
Les hauts responsables allemands avaient pris l'habitude ces derniers temps de vanter la solidité de leur modèle bancaire, dont le morcellement tant décrié s'est révélé un plus pour l'octroi de crédits malgré la crise financière qui secoue la planète.
Lundi, le ton était plus grave. "Etant donné la façon dont la crise (d'Hypo Real Estate) s'est aggravée en un week-end, il se peut que nous assistions encore à d'autres développements", a reconnu le porte-parole de la chancelière conservatrice Angela Merkel, Ulrich Wilhelm.
Mais le ministère des Finances a assuré qu'aucune autre banque allemande ne semblait en danger à l'heure actuelle.
Avec Hypo Real Estate, c'est une entreprise cotée sur l'indice des valeurs vedettes Dax qui s'écroule. La banque, spécialisée dans le financement immobilier, emploie 1.900 personnes. C'est apparemment sa filiale Depfa qui serait la source de ses problèmes, du fait d'investissements risqués, qui ont conduit pour sa maison-mère à une crise de liquidités que le dépôt de bilan de Lehman Brothers mi-septembre est venu exacerber.
L'action de la banque ne valait plus que 3,52 euros lundi à la clôture, après une chute de 74%.