Les Bourses mondiales ont vécu une semaine historique marquée par la déconfiture des banques américaines puis l'annonce de leur sauvetage par la puissance publique. A New York, le Dow Jones bondissait vendredi dernier à mi-séance de 3,5% tandis que le CAC 40 clôturait à Paris sur une hausse record de 9,27%. Sur la semaine les deux indices ont limité leur repli à respectivement 0,3% et 0,18%.
Lundi dernier, la faillite de quatrième banque d'investissement du pays Lehman Brothers et le rachat de Merrill Lynch par Bank ok America ont entraîné les marchés dans une chute vertigineuse à peine ralentie par la nationalisation mardi du géant de l'assurance AIG, dont la faillite menaçait d'effondrement le système financier mondial. Mercredi soir, le Dow Jones affichait une baisse de plus de 7% en trois séances.
Face à l'aggravation de la crise, le Trésor américain et la Fed ont esquissé dans la nuit de jeudi à vendredi un vaste plan destiné restaurer la confiance perdue des investisseurs et au-delà, la stabilité du système financier. Comme ils l'avaient fait à la fin des années 80 pour sauver les caisses d'épargne, les pouvoirs publics américains se sont portés volontaires pour reprendre les créances douteuses « toxiques » du secteur bancaire et assainir ainsi le bilan des établissements de Wall Street.
Malgré les interrogations qu'une telle manoeuvre suscite, notamment sur la capacité du budget américain à absorber ce choc, les indices se sont envolés jeudi soir à New York puis vendredi sur l'ensemble des places mondiales.
L'annonce vendredi matin de la création d'un mécanisme de garantie des fonds monétaires a ajouté au soulagement suscité par le plan gouvernemental. Les valeurs financières, qui avaient plongé au cours des dernières séances, ont rebondi de façon spectaculaire en raison notamment des mesures de restrictions décidées par les régulateurs sur les transactions à découvert. Cette reprise des marchés boursiers a profité au pétrole et au dollar.
Vendredi dernier les titres valeurs bancaires se sont envolés. Dexia a gagné 22,5% tandis que Crédit Agricole a pris 26,3%. Même tendance pour Société Générale (+ 20%), BNP Paribas (+17,5%) et Axa (+21,3%). La perspective d'un sauvetage général du système financier mondial orchestré par les autorités américaines s'ajoute, dans le cas de Dexia, aux rachats à bon compte. La banque a en effet dégringolé de plus de 23% sur les trois premières séances de la semaine et tombant sur les 8 euros. L'action se rapprochait à grande vitesse de son plus bas de cinq ans touché le 15 juillet à 7,75 euros.
La semaine dernière, la banque a par ailleurs affiné son évaluation des pertes qu'elle pourrait enregistrer à la suite de la faillite de Lehman Brothers. Dexia évalue désormais à 350 millions d'euros le montant de ses pertes liées au dépôt de bilan de la banque d'investissement américaine. Une exposition limitée, qui contribue à rassurer sur la situation financière de Dexia.
Malgré la publication de résultats annuels en ligne avec les attentes, Pernod Ricard a inquiété les investisseurs. Le groupe de spiritueux a dévoilé jeudi dernier qu'il visait une croissance interne du résultat opérationnel courant autour de 8%, « sauf détérioration grave de l'ENVIRONNEMENT ». Une réserve que le marché n'a que très modérément apprécié, infligeant au titre une sanction de 9,85% à la Bourse de Paris. Et pour cause : selon un trader, il s'agit ni plus ni moins d'un « profit warning masqué ». « Pernod fait une prévision pour l'exercice à venir en disant qu'elle ne tiendra pas si l'environnement économique se dégrade. Or on sait qu'il se dégrade », a t-il estimé.
Un autre poids lourd du CAC a plié. ArcelorMittal a chuté de 8% mercredi. Une fois n'est pas coutume, l'annonce d'un important plan d'économie, quatre milliards de dollars en cinq ans, n'a pas suscité l'enthousiasme du marché. Les investisseurs se sont interrogés. A priori, les performances du groupe ne justifie pas la mise en en place d'un tel plan. Au deuxième trimestre, son résultat net a bondi de 114% et le troisième trimestre s'annonce meilleur encore. Dans son communiqué, le groupe dit vouloir ajuster son modèle économique à la flambée des coûts des matières premières, dévoreuse de marges.
Certes, mais aujourd'hui les cours des matières premières et notamment des métaux amorcent leur décrue en raison du ralentissement de la demande occidentale comme des pays émergents. Ce plan drastique qui comprend des « réductions d'effectifs » dont l'ampleur n'a pas été précisée cache peut-être des perspectives plus sombres. Le premier sidérurgiste du monde, dont la capacité d'adaptation n'est plus à démontrer, se prépare donc plus s-rement à affronter les conséquences d'un ralentissement de l'économie mondiale plus violent qu'attendu de prime abord.
(P-J.L)