Le numéro un mondial de l'acier ArcelorMittal a annoncé mercredi un plan d'économies drastiques de 2,8 milliards d'euros à travers le monde, assorti de réductions d'effectifs qui devraient épargner la France, déjà touchée par la restructuration du site de Gandrange (Moselle).
L'objectif de ce plan de "gains de gestion" est de "réaliser des économies d'échelle à hauteur de quatre milliards de dollars au cours des cinq prochaines années", a annoncé le groupe de Lakshmi Mittal dans un communiqué.
Sa réalisation passera par "des gains de productivité et des réductions d'effectifs à travers des plans de départ à la retraite volontaires, une attrition naturelle (départs non remplacés, ndlr) et une rationalisation ciblée", a-t-il précisé sur son site.
ArcelorMittal, qui emploie 320.000 personnes dans plus de 60 pays, n'a pas précisé l'ampleur de ces "réductions d'effectifs". Un porte-parole contacté par l'AFP a affirmé n'avoir aucune information supplémentaire.
En France, quelques mois seulement après le tollé provoqué par l'annonce de la suppression de 575 postes à Gandrange, la direction s'est voulue rassurante pour les 30.000 salariés français.
"Il n'est absolument pas prévu de faire de plans sociaux en France dans les prochains mois", a affirmé à l'AFP le directeur général de la filiale française, Daniel Soury-Lavergne: "pour les salariés actuels, cette annonce n'a pas d'impact sur leur emploi".
Il a néanmoins rappelé que direction et syndicats discutaient pour renouveler un accord expirant fin 2008. Dans ce cadre, les 40% de salariés qui doivent partir à la retraite dans les cinq ans, soit environ 12.000 personnes, ne seront pas systématiquement remplacés.
L'annonce du plan d'économies à l'échelle mondiale a toutefois rallumé les inquiétudes des salariés.
A Gandrange, la CGT a prévenu qu'ils "ne vont pas se laisser démonter ni rester l'arme au pied". Et la CFTC compte sur une visite de Lakshmi Mittal la semaine prochaine sur deux sites français pour tester "sa réelle volonté d'assurer la pérennité" des usines.
De son côté, la CFE-CGC a relativisé, en estimant qu'ArcelorMittal voulait avant tout "rassurer le marché" en dévoilant un plan faisant la somme "de l'ensemble" de ceux en cours dans le monde.
Depuis la fusion d'Arcelor avec Mittal Steel en juin 2006, le nouveau numéro un mondial de l'acier a déjà dégagé 1,6 milliard de dollars d'économies.
Avec son nouveau plan, il veut encore "accroître la productivité du personnel, réduire la consommation d'énergie et baisser les coûts de production afin d'augmenter le rendement et améliorer la qualité des produits".
Autant de mesures prises malgré une santé éclatante.
Mercredi, ArcelorMittal a encore affirmé viser une progression de 43,7% de son résultat brut d'exploitation sur les neuf premiers mois de 2008, à plus de 21,5 milliards de dollars (15,1 mds d'euros).
En 2007, à l'issue du premier exercice intégral depuis la fusion, il avait déjà progressé de 27% à 19,4 milliards de dollars. Et le bénéfice net, en croissance de 30%, avait atteint un record de 10,36 milliards.
Malgré la crise, ArcelorMittal continue de bénéficier d'une forte demande des pays émergents, qui permet des hausses de prix et devrait encore assurer à terme une croissance du marché mondial "de 3% à 5%".
Mercredi, l'action ArcelorMittal a chuté de 7,96% à 39,67 euros, affectée par la défiance des investisseurs vis-à-vis des valeurs liées aux matières premières. Le CAC 40 a cédé 2,14%.