Quelques semaines à peine près la spectaculaire débâcle des deux géants américains du refinancement hypothécaire, Fannie Mae et Freddie Mac, c'est au tour de Lehman Brothers de faire les frais de la crise financière. Tout laisse à penser que les déboires que traverse actuellement la quatrième banque d'investissements américaine risquent de conduire au même épilogue : une intervention des pouvoirs publics américains.
Lehman Brothers, qui a présenté mercredi des résultats catastrophiques, pourrait en effet se voir contraint par le gouvernement américain de trouver un repreneur dans les plus brefs délais. Des responsables du gouvernement ont déclaré que plusieurs options étaient actuellement à l'étude mais qu'aucune décision n'avait encore été arrêtée sur la manière de structurer un éventuel accord impliquant Lehman. Le secrétaire américain au Trésor Henry Paulson se serait pour sa part déclaré «résolu» à éviter le recours à des fonds publics dans toute opération de sauvetage de la banque d'investissement.
Au cours de la journée de vendredi, des rumeurs de marché ont évoqué plusieurs établissements : le japonais Nomura Securities, le français BNP Paribas, l'allemand Deutsche Bank ou encore le britannique Barclays. Selon certains observateurs du secteur, c'est toutefois la Bank of America qui aurait le plus de chances de conclure un deal, en raison de la complémentarité des deux établissements.
Alors que la chute vertigineuse de la valeur Lehman Brothers cette semaine place la banque au coeur de toutes les attentions (le titre est passé sous la barre des 2 dollars en séance jeudi, alors qu'elle se négociait à plus de 66 dollars en février dernier), de nombreux autres groupes bancaires sont en proie aux doutes des investisseurs. L'inquiétude enfle notamment sur Merrill Lynch, également malmené à Wall Street. Selon certains analystes, cette dernière pourrait être entraînée par le tourbillon Lehman Brothers, les deux établissements présentant les mêmes faiblesses. Certains craignent qu'après avoir passé 40 milliards de dépréciations l'an passé, Merrill pourrait être contrainte à renouveler l'opération.
(An.P.)