Après une avalanche de mauvaises nouvelles, la modération de l'inflation en France au mois d'août laisse espérer une relance de la consommation, mais qui ne fera pas sentir ses effets sur la croissance avant début 2009, estiment les économistes.
Après avoir atteint un sommet en juin et juillet avec une progression de 3,6% en rythme annuel, son plus haut niveau depuis 1991, l'indice des prix à la consommation a reflué en août à 3,2%, a annoncé vendredi l'Insee.
Sur le mois, les prix se sont stabilisés par rapport à juillet.
"Le pic d'inflation de fin juin est derrière nous", a réagi la ministre de l'Economie Christine Lagarde, avant une réunion avec ses collègues de la zone euro, à Nice. "C'est une bonne nouvelle", a-t-elle jugé.
En août, hausses et baisses se sont compensées, selon l'Insee. L'augmentation des prix de l'habillement (+4,7%), provoquée par la fin des soldes d'été, a notamment été contrebalancée par la baisse des prix des produits frais (-11,4%) et de l'énergie (-3,2%).
Ceux-ci ont reculé dans le sillage des cours du brut, qui ont chuté de 30% depuis leurs records de juillet, passant même mardi sous la barre symbolique des 100 dollars.
Pour Alexander Law, économiste chez Xerfi, l'inflation devrait continuer à ralentir "sur fond d'accalmie" des prix des matières premières.
Autres nouvelles rassurantes, aux yeux des économistes: l'inflation sous-jacente (hors produits à prix volatils) reste très stable à 2%.
Et les effets de "second tour", c'est-à-dire la répercussion de la hausse des prix sur les salaires, tant redoutée par la Banque centrale européenne (BCE) qui surveille tout dérapage inflationniste, ont été évités.
La baisse des matières premières devrait se répercuter progressivement sur les prix à la pompe et les prix alimentaires, regonflant un peu le pouvoir d'achat des Français.
Au deuxième trimestre, le salaire mensuel de base avait progressé de 3,1%, moins vite que l'inflation, mais "la tendance pourrait désormais s'inverser", affirme ainsi Nicolas Bouzou, du cabinet Asterès.
Or un regain de pouvoir d'achat devrait logiquement se traduire par une hausse de la consommation, traditionnel moteur de la croissance française, qui a récemment montré des signes de faiblesse.
Au moment où le gouvernement s'efforce de boucler un budget 2009 sous contraintes extrêmes, l'accalmie des prix pourrait apporter une bouffée d'oxygène à l'économie française.
Mais "pas avant le début de l'année prochaine", préviennent les économistes, qui pointent le temps de latence entre la baisse des cours et leur répercussion sur les prix.
"Avant de restituer le repli aux consommateurs, les entreprises seront tentées de reconstituer au moins partiellement leurs marges", estime aussi Alexander Law.
"La baisse des prix n'aura d'impact sur le comportement des ménages qu'à partir du premier trimestre 2009", conclut Nicolas Bouzou, pour qui la France frôlera cette année la récession, caractérisée par deux trimestres successifs de recul du PIB.
L'économiste s'attend ainsi à une croissance nulle au troisième trimestre après une baisse du PIB de 0,3% au deuxième.
La Banque de France a de son côté confirmé vendredi une première estimation de croissance du PIB de 0,1% au troisième trimestre.
Après la publication d'une série d'indicateurs traduisant une perte de vitesse de l'économie, le gouvernement a d'ores et déjà été contraint de réviser en nette baisse sa prévision de croissance pour 2008, "autour de 1%", après avoir longtemps tablé sur un PIB compris entre 1,7% et 2%.