La Bourse de New York a terminé en très forte baisse jeudi, minée par la dégradation du marché de l'emploi américain, interprétée comme de mauvais présage pour la croissance de la première économie mondiale: le Dow Jones a perdu 2,99% et le Nasdaq 3,20%.
Le Dow Jones Industrial Average (DJIA) a lâché 344,65 points, à 11.188,23 points, et l'indice Nasdaq, à forte composante technologique, 74,69 points, à 2.259,04 points, selon les chiffres définitifs de clôture.
L'indice élargi Standard & Poor's 500 a pour sa part cédé 38,15 points, à 1.236,83 points (-2,99%).
Les indices "se sont retrouvés sous forte pression alors que le marché anticipe un nouveau ralentissement de l'économie", a commenté Al Goldman, de Wachovia Securities.
Alors que les investisseurs attendent avec anxiété le rapport mensuel sur le marché de l'emploi américain, prévu vendredi, des statistiques inquiétantes ont alimenté les craintes d'une nouvelle dégradation, qui serait la huitième consécutive.
Les demandes hebdomadaires d'allocation chômage "ont augmenté de façon inattendue la semaine dernière et le nombre d'Américains sans emploi a atteint un plus haut de cinq ans", selon M. Goldman.
En outre, selon le cabinet en ressources humaines ADP, le secteur privé a détruit plus d'emplois que prévu en août. Et les créations d'emplois annoncées pour juillet ont été révisées à la baisse.
Selon Ian Shepherdson, de High Frequency Economics, les statistiques d'ADP se sont révélées ces derniers mois meilleures que les chiffres gouvernementaux, qui pourraient donc ressortir plus mauvais que prévu vendredi.
Contribuant à la déprime ambiante, les ventes de chaînes de magasins ont ralenti en août, signe d'un essoufflement de la consommation.
Et alors que les exportations ont largement contribué la croissance américaine au deuxième trimestre, la Banque centrale européenne a révisé ses prévisions de croissance, ne misant plus que sur 1,4% cette année (contre 1,8%) et 1,2% l'an prochain (contre 1,5%), ont souligné les analystes.
Les investisseurs ont ignoré un recul de plus d'un dollar des prix du baril de pétrole, couplé à une nouvelle progression du dollar face à l'euro. La baisse du coût de l'énergie a pénalisé les groupes pétroliers ExxonMobil (-2,41% à 76,14 dollars) et Chevron (-3,52% à 81,22 dollars).
"Tout baisse: l'immobilier depuis un an, les automobiles, et maintenant les matières premières. On a assisté à une flambée des prix qui était intenable, le marché s'inquiète maintenant du scénario déflationniste qui semble se dessiner et qui est très, très négatif pour les actions", a estimé Mace Blicksilver, de Marblehead Asset Management.
"C'est ce qui explique que le marché semble s'être déconnecté des prix du pétrole", a ajouté l'analyste.
Côté entreprises, le titre Boeing a chuté de 4,60% à 63,03 dollars. Les membres du syndicat des ouvriers mécaniciens ont voté le lancement d'une grève, qui pourrait provoquer de nouveaux retards dans le programme du 787 Dreamliner, ont relevé les analystes de Briefing.com.
Le secteur financier, source d'inquiétudes récurrentes, a connu une nouvelle journée difficile.
La banque d'affaires Lehman Brothers a perdu 10,45% à 15,17 dollars. Le titre a plus qu'effacé ses gains de la veille (+5%), alors que le marché spéculait sur l'intervention d'une banque étrangère pour aider l'établissement à lever de l'argent frais.
Merrill Lynch a cédé 7,48%, Citigroup 6,68%, Goldman Sachs 4,00%, Bank of America 7,16% et Washington Mutual 8,18%.
Selon les analystes, le secteur a pâti des propos de Bill Gross, chef investisseur de PIMCO, le plus grand fonds d'investissement en obligations du monde, qui a appelé le gouvernement américain à intervenir pour éviter un "tsunami financier".
Le marché obligataire a monté. Le rendement du bon du Trésor à 10 ans a reculé à 3,643%, contre 3,697% mercredi soir, et celui à 30 ans à 4,281%, contre 4,318% la veille.