Le secteur de l'immobilier en France, en difficulté du fait de la hausse des taux d'intérêt et d'une restriction par les banques de l'accès aux crédits, "n'est pas dans la situation de crise des années 90", a estimé la ministre du Logement Christine Boutin.
"C'est une crise financière internationale, pas de l'immobilier. La France n'est pas dans la situation de crise des années 90" marquée par des stocks de logements invendus et un effondrement des prix, a déclaré Mme Boutin dans un entretien à l'AFP, à quelques semaines de l'examen mi-octobre au Sénat de son projet de loi sur le logement.
Interrogée sur la chute de 30% sur un an des ventes de logements neufs au premier semestre et le recul des mises en chantiers, la ministre a émis l'espoir de parvenir à la barre des 400.000 nouveaux logements en 2008, contre 435.000 en 2007, loin de l'objectif de 500.000 par an affiché par le gouvernement.
Mais, a admis Mme Boutin, si la situation actuelle "dure trop longtemps, cela mettra en difficulté le secteur".
D'autant que certains experts craignent que la nouvelle taxe sur les revenus immobiliers dissuade les bailleurs de continuer à investir.
"Ce n'est pas un signal encourageant pour les investisseurs", a reconnu Mme Boutin, en soulignant toutefois que cette taxe "représente un maximum de 20 euros par an pour chaque bailleur" et entrera dans le calcul du "bouclier fiscal".
Concernant "l'éco-prêt", dispositif de prêt à taux zéro destiné à financer des travaux pour améliorer les performances énergétiques des logements, Mme Boutin s'est déclarée "très favorable" à son adoption qui devrait "relancer le secteur de la rénovation".
Mais la ministre souhaiterait qu'on tienne compte "de la capacité financière des foyers modestes" pour leur permettre d'accéder à ce prêt qui devrait être plafonné à 30.000 euros et pour lequel le montant des travaux ne devrait pas dépasser 300 euros par mètre carré.
A propos de la maison à 15 euros par jour, un dispositif qui permet de payer d'abord la maison (sur 25 ans maximum) puis le terrain, grâce au 1% logement, le nombre de projets déposés se situe actuellement autour de 3.000 sur les 5.000 prévus en 2008, a-t-elle dit.
Pour boucler le financement de sa loi, Mme Boutin s'est montrée optimiste sur les négociations actuelles avec le Medef et les syndicats, malgré les objections de ceux-ci, espérant obtenir "800 millions d'euros supplémentaires" du 1% logement. Ces négociations "devraient se terminer fin septembre", a-t-elle estimé.