Une politique monétaire axée sur la lutte contre l'inflation est la meilleure arme dont dispose la Banque centrale européenne (BCE) pour faire face à la crise financière et la volatilité des prix des matières premières, a estimé vendredi son président.
"Nous sommes engagés à assurer la stabilité des prix et nous ferons ce qui est nécessaire" pour remplir cet objectif, a déclaré Jean-Claude Trichet lors d'une conférence organisée par le Centre d'études financières à Francfort (ouest).
La politique monétaire doit "garder une idée claire de la direction" à suivre, a-t-il ajouté, en particulier en ces temps difficiles marqués par les turbulences financières, qui ont commencé l'été dernier, et la hausse des prix des matières premières.
A ses yeux, le mandat de la BCE, tel qu'il est défini dans le Traité de Maastricht et qui donne la priorité à la stabilité des prix, est idéalement adapté pour répondre aux défis actuels.
La mission de maintenir les prix stables est "claire et sans ambiguïté", a renchéri le chef économiste de la BCE Jürgen Stark lors de la même conférence et il convient de continuer sur cette voie malgré les "sirènes (...) qui demandent que nous subordonnions ce devoir à d'autres considérations".
La France a plus d'une fois reproché à la BCE de donner priorité à la lutte contre l'inflation au détriment de l'économie. Le ministre belge des Finances Paul Reynders a lui aussi invité jeudi la BCE à réfléchir "à terme" à une baisse de taux pour aider la croissance.
"L'inflation reste à un niveau inquiétant et les tensions financières persistent", a poursuivi M. Stark. "Les défis pour la politique monétaire s'intensifient plutôt qu'ils ne s'apaisent", a martelé l'Allemand.
Toutefois, selon lui, les taux d'inflation en zone euro vont s'apaiser dans les mois à venir.
"Il est très clair que dans les mois, dans les trimestres à venir, les taux d'inflation vont se réduire", a-t-il déclaré.
En août, il était encore à 3,8% sur un an, après 4% les deux mois précédents.
Côté économie, "je pense que l'épisode actuel de faible croissance sera suivi par une reprise progressive au cours de 2009", a-t-il ajouté.
"Nous avons eu un deuxième trimestre négatif, il est fort probable que le troisième trimestre soit à nouveau faible", a-t-il indiqué, sans préciser s'il craignait une récession technique, à savoir deux trimestres d'affilée de contraction du Produit intérieur brut.
Les responsables de la BCE se sont aussi de nouveau employés à décourager les espoirs d'une éventuelle basse de taux directeurs dans un futur proche pour soutenir une économie menacée de récession.
La veille, le conseil des gouverneurs avait décidé de laisser le principal taux inchangé à 4,25%, son niveau depuis juillet, et le Français avait laissé entendre que le statu quo se prolongerait encore pour un bon moment malgré une conjoncture en panne. De nombreux économistes parient sur un assouplissement des taux seulement dans la première moitié de 2009.