Allianz gagne modestement 0,90% à 114,52 euros alors que selon de nombreuses sources de presse, l'assureur pourrait annoncer dès ce week end la cession de Dresdner Bank à Commerzbank. L'assureur se sépare de sa banque d'investissement à un bien mauvais moment, la crise des crédits hypothécaires à risque (subprime) ayant fortement touché cette spécialité bancaire. Commerzbank aurait été préférée à la banque chinoise, China Development Bank. Elle avait pourtant proposé un prix plus élevé, affirme le «Frankfuter Allgemeine Zeitung».
Le plus important assureur allemand s'apprêterait à céder Dresdner Bank pour 9 milliards d'euros, soit un montant bien inférieur aux 23 milliards d'euros déboursés en 2001 lors de son acquisition. Dans un bref communiqué, Allianz a confirmé qu'il était en discussions avancées au sujet de l'avenir de Dresdner Bank avant de préciser qu'elles ne traduiront pas forcément par un accord.
Selon la presse allemande, Commerzbank prendrait une participation de 51% dans Dresdner Bank dans un premier temps et le solde à une date ultérieure.
Grâce à cette opération, Commerzbank renforcerait sa place de numéro deux de la banque privée en Allemagne, derrière Deutsche Bank.
(C.J)
EN SAVOIR PLUS
ACTIVITE DE LA SOCIETE
Fondé en 1890 et numéro un européen de l'assurance, Allianz AG est présent dans plus de 70 pays où se répartissent quelques 60 millions de clients et 174 000 employés. Le groupe allemand opère à la fois sur l'assurance dommages, l'assurance vie et l'assurance des personnes. Allianz s'est renforcé ces dernières années en prenant le contrôle des AGF en France et de RAS Group and Lloyd Adriatico en Italie.
Allianz est également un acteur majeur dans le domaine des services financiers par le biais notamment de Dresdner Asset Management et Dresdner Bank. Le groupe compte encore parmi ses entités le spécialiste de l'obligataire PIMCO, RCM dans la recherche actions ainsi que Nicholas-Applegate et Oppenheimer Capital dans la gestion. Allianz a opté pour le statut de "société européenne" (SE). L'assureur a achevé une complète réorganisation interne qui a abouti à la naissance d'Allianz SE.
FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR
Les points forts de la valeur
- Confirmant son redressement depuis la crise financière des années 2001-2002, le numéro un européen de l'assurance a enregistré un nouveau record de son résultat net, en hausse de 13,5% à 7,97 milliards d'euros en 2007. Malgré les grandes difficultés du secteur de la finance, heurté de plein fouet par la crise du "subprime", le groupe a maintenu une croissance soutenue.
- Les activités Vie et Santé continuent de doper le titre, grâce à des résultats opérationnels en nette progression.
- Le groupe bénéficie du dynamisme des marchés émergents d'Europe de l'Est, d'Asie et même de certains pays européens, comme la France et l'Italie, qui ont présenté de forts taux de croissance.
Les points faibles de la valeur
- Avec la faiblesse du dollar, la branche assurance-vie aux Etats-Unis du groupe demeure un problème.
- Dresdner Bank continue de peser sur les résultats du groupe en raison de la crise du "subprime". La filiale a perdu 549 millions d'euros en 2007 en raison principalement de la crise financière.
COMMENT SUIVRE LA VALEUR
- Les revenus des assureurs sont fortement conditionnés par l'évolution des marchés financiers et des taux d'intérêt, dans la mesure où les primes versées par les assurés, réserves déduites, sont réinvesties. Notons que le résultat de ces placements est appelé résultat financier par opposition au résultat technique, égal aux primes nettes moins les coûts des sinistres, de souscription et de gestion. De même, les marchés financiers influent sur les activités d'assurance-vie.
- Par ailleurs, les catastrophes climatiques (type tempête), les actes terroristes, ou tout événement de nature à impliquer pécuniairement les compagnies d'assurance, sont susceptibles de peser sur le titre.
- Une opération de rachat des minoritaires de l'assureur français AGF est très probable à terme, mais les questions en suspens restent nombreuses. Il faudra probablement attendre que la compagnie augmente la rentabilité de ses activités d'assurance-vie en Allemagne, pérennise le redressement de Dresdner Bank et achève sa réorganisation.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Finance - Assurance
La baisse des tarifs d'assurance automobile, observée en 2007, pourrait être stoppée par la récente initiative de la Matmut. La mutuelle souhaite baisser ses prix dès le 1er juillet 2008 et s'est engagée à ne pas réviser les tarifs d'assurance auto et moto à la hausse jusqu'au 1er janvier 2010. L'an passé, les assureurs étaient confrontés à une sinistralité défavorable. En effet, la baisse des fréquences ne compensait plus la dérive récurrente du coût des corporels et la hausse du prix des pièces de rechange (+4,6% en 2007). Sur le marché français de l'assurance-vie, le repli s'amplifie : la collecte enregistre une diminution de 8% au cours des quatre premiers mois de 2008, alors que la baisse était de 3% sur l'ensemble de l'année 2007. Les supports en euros s'en sortent mieux que les unités de compte, les premiers évoluant de +3% et les seconds de -37%. La première raison de cette évolution est la chute des marchés actions. A cela s'ajoute une inversion de la courbe des taux, qui consiste en une rémunération des produits «longs», comme l'assurance-vie, inférieure à celle des produits «courts», comme les sicav monétaires. La FFSA estime que la collecte, en 2008, devrait reculer de 5% à 7% sur le marché individuel et de 3% à 5% sur le collectif.
Finance - Banques
L'année 2008 sera marquée par une politique de rigueur des banques françaises. Le Crédit Agricole a prévu un plan de recentrage pour Calyon et va céder jusqu'à 5 milliards d'euros d'actifs d'ici dix-huit mois. Quant à Natixis, qui a vu ses profits chuter de 88% au premier trimestre, à 69 millions d'euros, elle a adopté un plan d'économies de 400 millions d'ici à 2009 (représentant une baisse de 10% des coûts fixes). Comme au Crédit Agricole, certaines activités de marché trop risquées seront réduites, voire arrêtées. D'après une étude du BCG (Boston Consulting Group), la crise actuelle justifie le modèle de banque universelle, diversifiée tant sur le plan géographique que sur celui des activités. Grâce à ce modèle, les banques françaises ont pu compenser les effets de la crise, qui a durement touché les activités de banque de financement et d'investissement. A contrario, la banque à l'anglo-saxonne, qui suppose des établissements spécialisés dans les activités de banque d'investissement ou de crédit aux particuliers, pourrait être remise en cause.