Les cours du pétrole cédaient deux dollars mardi matin, faisant route à nouveau vers le seuil de 110 dollars le baril, sous la pression d'un dollar à nouveau en forme et alors que les craintes liées aux approvisionnement dans le Caucase refluaient.
Vers 10H00 GMT, le baril de brent pour livraison en octobre cédait 1,60 dollar à 112,43 dollars sur l'InterContinental Exchange de Londres.
A la même heure, le baril de "light sweet crude" pour livraison en octobre lâchait 1,83 dollar à 113,28 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).
La remontée du dollar, à son plus haut niveau face à la monnaie unique depuis le mois de février (1,4585 dollar pour un euro touché dans la matinée) pesait sur les cours du pétrole.
Les investisseurs tendent à acheter du pétrole, considéré comme un placement contre l'inflation, quand le dollar baisse, et inversement ils se détournent de l'or noir quand le billet vert remonte.
"La réaction du marché à la publication de l'indice allemand Ifo montre clairement qu'une bonne part des échanges sur le marché pétrolier se font en fonction du dollar", a souligné ainsi Olivier Jakob, analyste du cabinet indépendant Petromatrix.
En effet, les prix du pétrole ont réagi directement à la publication lundi de l'indice de conjoncture allemand, qui a plongé, ayant lui-même pesé sur la monnaie unique.
De façon plus fondamentale, ces signes de dégradation de l'économie européenne attisent la crainte que le monde ne se mette à la diète de pétrole, sous l'effet conjugué des prix élevés et du ralentissement économique mondial.
"Un indice allemand et des données britanniques décevantes ont souligné les fragilités de l'économie européenne et ravivé la crainte, une fois de plus, qu'un ralentissement économique mondial n'entame la demande de pétrole", a ainsi souligné Nimit Khamar, analyste de la maison de courtage Sucden.
La tendance amorcée à la fin de la semaine dernière semblait donc reprendre: vendredi, le prix du pétrole avait clôturé sur une chute de près de sept dollars à New York, à la suite du raffermissement de la monnaie américaine.
"Les pertes ont été dues à la combinaison d'un renforcement du dollar et à une détente des tensions géopolitiques, quand la Russie s'est retirée de Géorgie", ont rappelé les analystes du cabinet indépendant John Hall.
L'oléoduc BTC (Bakou-Tbilissi-Ceyhan), le deuxième plus long oléoduc au monde (1.774 kilomètres), d'une capacité de 1,2 million de barils par jour, qui avait été fermé le 5 août après une explosion dans l'est de la Turquie, est de nouveau opérationnel.
Le climat restait néanmois tendu entre les Etats-Unis et la Russie. Le destroyer américain USS Mc Faul et le garde-côte américain Dallas sont attendus mercredi à Poti (ouest de la Géorgie), où sont stationnés des soldats russes, a ainsi annoncé mardi à l'AFP un porte-parole de l'ambassade des Etats-Unis à Tbilissi.
Des forces militaires russes et américaines pourraient ainsi se retrouver face à face en Géorgie pour la première fois depuis le début du conflit russo-géorgien le 7 août.
Par ailleurs, les prix pourraient être soutenus au cours de la semaine par le passage de l'ouragan Gustav, ont prévenu les analystes.
Cette tempête tropicale s'est transformée en ouragan mardi et se dirigeait vers la République dominicaine, Haïti et Cuba, a indiqué le Centre américain de surveillance des ouragans (NHC).
"Gustav devrait traverser Cuba ou (la presqu'île mexicaine) du Yucatan (...), ce qui devrait entraîner des achats de couverture" mercredi, a ainsi prévenu Olivier Jakob, ajoutant qu'on ne pouvait pas non plus exclure pour l'heure un "renforcement de la tempête ou une trajectoire plus directe par le Golfe du Mexique", où se concentrent une bonne partie des installations pétrolières.