Le cabinet de recrutement britannique Michael Page a rejeté l'offre de rachat révisée d'Adecco (- 0,10% à 50,60 francs suisses), le numéro trois mondial du travail intérimaire. Michael Page, qui confirme avoir reçu une nouvelle offre, a annoncé qu'il jugeait celle-ci insuffisante. Le britannique avait déjà refusé une précédente proposition d'OPA du groupe suisse, qui proposait 400 pence par action, valorisant l'ensemble de la société à 1,3 milliard de livres. Michael Page a enfoncé le clou en annonçant avoir mis fin aux discussions avec Adecco.
Alors que la première proposition du suisse envisageait un rachat de la totalité du capital de Michael Page, la nouvelle offre était basée sur le fait qu'Adecco devienne actionnaire majoritaire, en souscrivant à une émission de capital réservée à un prix «cohérent» avec celui de 400 pence évoqué dans sa précédente proposition. Mais voilà : Michael Page a jugé l'offre toujours insuffisante, et s'est inquiété du fait que ses actionnaires se trouvent fortement dilués au terme de l'opération. Le refus d'Adecco d'augmenter de nouveau son offre a entraîné la rupture des pourparlers, précise le groupe britannique.
EN SAVOIR PLUS
ACTIVITE DE LA SOCIETE
Adecco S.A. est le leader mondial solutions en ressources humaines avec réseau de 33 000 employés et 6600 bureaux et agences répartis dans 70 pays et territoires à travers le monde.
Adecco comprend trois divisions: Adecco Staffing, Ajilon Professional et LHH Career Services. Adecco Staffing se concentre sur des solutions flexibles en matière de personnel pour les industries mondiales, notamment dans les secteurs de l'automobile, de la banque, de l'électronique, de la logistique et des télécommunications. Ajilon Professional regroupe les activités spécialisées et LHH Career Services comprend l'ensemble des services d'outplacement et de gestion de carrière. Adecco est une entreprise cotée en bourse dont le siège mondial se trouve en Suisse. Ses principaux marchés sont la France, les Etats-Unis, le Japon et l'Italie. Adecco figure dans la liste des 500 plus grandes entreprises du monde (classement Forbes).
FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR
Les points forts de la valeur
- Adecco a significativement réduit son endettement, ce qui lui permet de réaliser des opérations de croissance externe dans les segments qui lui paraissent les plus porteurs.
- Forte progression du marché outre-Rhin grâce au recentrage opéré par le groupe et à l'acquisition de l'allemand DIS et de Tuja Grpoup.
-Le groupe développe les activités plus rémunératrices que sont la gestion de carrières, le conseil en ressources humaines, le reclassement lors de plans sociaux ou encore le placement en CDD ou CDI, pour des emplois de plus en plus qualifiés. Il se développe également dans les économies à forte croissance.
Les points faibles de la valeur
- La concurrence sévit, particulièrement sur les grands comptes, et met la pression sur les marges.
- Les performances d'Adecco sont affectées par l'atonie de ses activités d'intérim généraliste en France ainsi qu'une pression tarifaire pour les prestations d'intérim généraliste auprès des grands comptes.
COMMENT SUIVRE LA VALEUR
- Sur le secteur d'activité du groupe Adecco, les facteurs-clés sont les tendances du PIB dans les pays industrialisés et émergents et la souplesse du marché du travail résultant de législations plus ou moins favorables.
- Depuis l'adoption de la loi Borloo de cohésion sociale qui met fin au monopole de placement de l'ANPE, tout salarié candidat, chômeur ou non, peut pousser la porte d'une entreprise de travail temporaire pour y décrocher, non seulement une mission d'intérim, mais aussi un contrat à durée déterminée ou indéterminée.
- Adecco pourrait poursuivre des opérations de croissance externe dans un contexte de consolidation du secteur. Fin 2007, le néerlandais Randstad numéro trois mondial du secteur a racheté son homologue Vedior pour 3,5 milliards d'euros, créant ainsi le numéro deux mondial du secteur avec un chiffre d'affaires d'environ 17,3 milliards d'euros.
- Concernant ses perspectives, le groupe tablait début 2008 sur une marge d'Ebitda supérieure à 5% d'ici à 2009. Il a également confirmé son objectif d'une croissance annuelle du chiffre d'affaires d'au moins 7 à 9% pour une rentabilité des capitaux investis supérieure à 25% d'ici 2009.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Services aux entreprises
Ces derniers mois les groupes d'intérim ont été malmenés en bourse en dépit de nombreux atouts. Ils ont enregistré d'excellentes performances l'an passé : les profits des cinq plus gros acteurs du marché ont bondi de 20%. De plus, ils se sont diversifiés géographiquement de façon à réduire la part des pays matures dans leur activité. Ainsi la part des revenus de Randstad réalisée aux Etats-Unis a baissé de 23% à environ 10% entre 2002 et 2007. De même, Manpower tire 38% de ses revenus de pays à faible taux de pénétration du travail temporaire. A cette stratégie se sont ajoutées de nouvelles sources de revenus, complétant ceux de l'intérim au sens strict du terme. Les intervenants ont étendu leurs gammes de services, à travers le placement de personnel permanent. Ce mouvement a été autorisé, il y a trois ans, par la loi Borloo, qui a ouvert le marché du recrutement de personnel permanent aux sociétés d'intérim. Cette activité, qui ne constitue que 2 à 3% des ventes totales de groupes comme Adecco ou Randstad, a l'énorme avantage de générer entre 10 à 12% de leur marge brute. En dépit de tous ces éléments, les investisseurs sont méfiants sur les perspectives de ces groupes. La crise des crédits hypothécaires américains a assombri les perspectives de l'économie mondiale. Les acteurs des ressources humaines sont impactés en premier lieu car quand la conjoncture est difficile les entreprises recourent moins à l'intérim pour limiter leurs coûts.