Après avoir accéléré son appréciation au cours des premiers mois de 2008, le yuan chinois semble marquer le pas ces derniers jours, face à un billet vert revigoré.
Pour la neuvième journée consécutive, depuis le 29 juillet, le cours pivot du yuan, aussi appelé renminbi (RMB, monnaie du peuple), a été fixé en baisse vendredi face à la devise américaine.
La Banque centrale l'avait fixé 6,8585 yuans contre le dollar, contre 6,8555 jeudi.
En juillet, la parité centrale moyenne avait été de 6,8376, selon le site officiel Chinamoney.com.
En revanche, alors que la moyenne contre l'euro était de 10,7794 le mois dernier, il fallait à l'ouverture vendredi 10,4616 yuans pour un euro.
Des analystes ont attribué le mouvement au raffermissement du dollar. Mais Liu Dongliang, analyste de China Merchants Bank, a souligné que "précédemment, quand le dollar rebondissait, le yuan bougeait latéralement ou s'appréciait plus lentement".
"On n'avait jamais vu un affaiblissement pareil", a ajouté l'analyste.
Certains économistes n'excluaient pas que la Banque centrale cherche à freiner le rythme d'appréciation du yuan, alors que les exportations ralentissent elles aussi et que l'excédent commercial montre des signes d'essouflement, après des années de records irritants aux yeux des partenaires commerciaux de la Chine.
L'excédent commercial de la Chine a baissé de près de 12% sur les six premiers mois de l'année par rapport à la même période de 2007.
Certains exportateurs ont mis en cause l'appréciation cumulée de quelque 20% du yuan depuis trois ans.
"Les responsables de la Banque centrale devraient être contents d'eux. Les attentes d'appréciation ont trébuché après un mois de progression ralentie et après que les autorités ont pris acte de la baisse des menaces inflationnistes", relève Capital Economics dans une note récente.
"Le marché à terme non livrable (non-deliverable forwards market) vise des gains de seulement 3,4% contre le dollar au cours des douze prochains mois, un plus bas depuis fin 2006, en baisse notamment par rapport aux 11,5% de mars", souligne Mark Williams, en s'étonnant de ce mouvement.
Celui-ci est en tous cas de nature à alléger les pressions spéculatives, cause d'un afflux de capitaux dans le pays, qui inquiètent les autorités.
Toutefois les économistes n'estiment pas que la tendance puisse devenir lame de fond: "si on ne peut exclure une dépréciation à court terme, nous pensons faible le risque de dépréciation soutenue. Le renminbi est toujours fondamentalement sous-évalué et doit s'apprécier vers son point d'équilibre à moyen terme", estime Qing Wang de Morgan Stanley.