Merrill Lynch, la célèbre banque d'affaires américaine, est en baisse de 5,26% à 23,04 dollars après avoir annoncé hier après la clôture de Wall Street qu'elle ferait appel au marché. Le montant de cette levée de fonds colossale devrait s'élever à 8,5 milliards de dollars. Une opération qui devrait permettre au groupe de renforcer ses comptes. Mais ce n'est pas tout : l'établissement a par ailleurs prévenu qu'il passerait pour 5,7 milliards de dollars de dépréciations supplémentaires au troisième trimestre.
Si le marché répond positivement à cette levée de fonds, Merrill Lynch pourrait même augmenter le volume de celle-ci de 1,3 milliard de dollars. Au total, une telle augmentation de capital représenterait 40% de la capitalisation boursière actuelle de la banque, entraînant mécaniquement une très forte dilution des actionnaires existants.
Il est déjà prévu que Temasek, une holding singapourienne, souscrive à cette augmentation de capital géante à hauteur de 3, milliards de dollars. En décembre dernier, ce même fonds avait déjà souscrit massivement, à hauteur de 5 milliards de dollars.
Temasek devrait d'ailleurs profiter d'une clause inhabituelle qu'elle avait alors obtenue : si la banque devait faire un nouvel appel au marché sous un an à un prix inférieur à 48 dollars (le tarif payé par Temasek), Merrill Lynch s'engageait à rembourser la différence. Ce sont donc 2,5 milliards de dollars que Temasek devrait empocher dans l'opération.
Depuis la fin 2007, Merrill Lynch, particulièrement malmené par la crise des subprimes, a déjà levé plus de 15 milliards de dollars.
La chute boursière de l'établissement au taureau n'enraye pas la marche de Wall Street, où le Dow Jones s'accorde 1,19% à 11 263,87 points tandis que le Nasdaq prend 1,87% à 2 306,50 points sur fond de baisse des cours du pétrole.
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LE SECTEUR DE LA VALEUR
Finance - Banques
L'année 2008 sera marquée par une politique de rigueur des banques françaises. Le Crédit Agricole a prévu un plan de recentrage pour Calyon et va céder jusqu'à 5 milliards d'euros d'actifs d'ici dix-huit mois. Quant à Natixis, qui a vu ses profits chuter de 88% au premier trimestre, à 69 millions d'euros, elle a adopté un plan d'économies de 400 millions d'ici à 2009 (représentant une baisse de 10% des coûts fixes). Comme au Crédit Agricole, certaines activités de marché trop risquées seront réduites, voire arrêtées. D'après une étude du BCG (Boston Consulting Group), la crise actuelle justifie le modèle de banque universelle, diversifiée tant sur le plan géographique que sur celui des activités. Grâce à ce modèle, les banques françaises ont pu compenser les effets de la crise, qui a durement touché les activités de banque de financement et d'investissement. A contrario, la banque à l'anglo-saxonne, qui suppose des établissements spécialisés dans les activités de banque d'investissement ou de crédit aux particuliers, pourrait être remise en cause.