En déboursant 43,7 milliards de dollars pour s'offrir Genentech, numéro deux mondial de la biotechnologie, Roche (-2,90% à 174,40 francs suisses) démontre sa volonté de demeurer un leader du secteur. Le groupe bâlois compte sur sa filiale américaine, dont il détient 55,9% depuis 1990, pour améliorer des performances en retrait depuis quelques années, et spécialement ce semestre, en raison de la concurrence des génériques. L'expiration progressive des brevets obligent les laboratoires à investir dans les sociétés de biotechnologies susceptibles de leurs offrir les médicaments stars de demain.
Roche valorise Genentech à 89 dollars par action, payables entièrement en espèces. L'offre représente une prime de 8,8% par rapport à vendredi et de 19% sur un mois. Depuis le début de l'année, l'action cotée à New York a progressé de 22% à 81,82 dollars. En cinq ans, l'investissement de Roche a été plus que doublé.
Aujourd'hui, les médicaments de Genentech, notamment ceux contre le cancer représentent plus du tiers des ventes de Roche. Le groupe suisse table sur des synergies de 750 à 850 millions de dollars avant impôts, principalement outre-Atlantique dans les domaines de l'administration et des infrastructures. Selon lui, l'opération devrait être relutive pour son bénéfice par bon de jouissance dès la première année.
L'opération devrait également accroître la capacité d'innovation du groupe, a expliqué Roche. Outre le transfert de technologie, elle permettra une utilisation commune de bases de données ou de technologies. In fine, l'objectif du groupe est d'améliorer son efficacité opérationnelle.
Roche a précisé que cette acquisition ne demanderait pas d'augmentation de capital. Elle sera financée par des fonds propres et du capital extérieur. Le laboratoire entend cependant conserver une partie de ses réserves en liquidités pour se lancer, si des occasions se présentaient, dans d'autres opérations.
Une fois Genentech intégré, Roche deviendra le septième groupe pharmaceutique aux Etats-Unis en termes de part de marché avec un chiffre d'affaires annuel de 15 milliards de dollars. Cette opération intervient après le rachat en février du groupe américain de diagnostic Ventana pour environ 3,4 milliards de dollars.
Roche a par ailleurs publié des résultats semestriels en repli. Au premier semestre, le bénéfice net a reculé de 2% à 5,73 milliards de francs suisses. En monnaies locales, le bénéfice est resté stable. De la même manière, le chiffre d'affaires s'est établi à 22 milliards de francs, en baisse de 4% mais en hausse de 4% en monnaies locales. Le groupe suisse a confirmé ses prévisions pour l'ensemble de l'année.
(P-J.L)
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LE SECTEUR DE LA VALEUR
Pharmacie - Santé
Tiré par les efforts de prévention contre des menaces telles que la grippe aviaire, et par les lancements de nouveaux produits, le marché des vaccins fait preuve d'une belle vitalité. S'il ne représente que 2% des ventes de l'industrie pharmaceutique mondiale, le secteur croît néanmoins de 15%. En tenant compte de cette progression, les vaccins devraient représenter un marché mondial de 26 milliards de dollars en 2011, contre 15,6 milliards en 2007. Il s'agit d'un marché concentré, dominé par quelques intervenants dont Sanofi Pasteur, la filiale de Sanofi-Aventis, qui est leader mondial. Elle est suivie par le britannique Glaxo-SmithKline, puis par les américains Merck et Wyeth. L'activité de ces quatre groupes, constitue environ 80% du marché mondial. Les lancements de nouveaux vaccins, ayant le profil de « blockbusters », c'est-à-dire réalisant un chiffre d'affaires potentiel supérieur au milliard de dollars, dynamisent les ventes. Ces vaccins très innovants sont commercialisés à des prix beaucoup plus élevés, impactant positivement les marges. Ainsi le vaccin Prevenar de l'américain Wyeth contre les infections à pneumocoque comme la méningite, a généré des recettes mondiales de 2,4 milliards de dollars en 2007.