Les marchés actions européens sont sortis de la spirale baissière dans laquelle ils se trouvaient depuis six semaines. La publication de résultats moins mauvais que prévu dans le secteur bancaire aux Etats-Unis, à l'instar de Citigroup aujourd'hui, et la baisse du pétrole ont été à l'origine de ce rebond. En revanche, les secteurs de la distribution et de l'alimentation sont restés à la traîne, victimes du ralentissement de la consommation des ménages. L'indice CAC 40 a clôturé en hausse de 1,74% à 4299,36 points et le FTSE Eurofirst 80 sur un gain de 1,85% à 4249,71 points.
L'augmentation de capital de la banque britannique Barclays (9,64% à 318,50 pence) est close. Celle-ci, qui a représenté un montant de 4,5 milliards de livres (5,7 milliards d'euros), a été souscrite à hauteur de 19% par les actionnaires existants de l'établissement. Conséquence : ce sont de nouveaux investisseurs, parmi lesquels le Qatar en tout premier lieu, qui apportera la majeure partie des fonds. Outre deux fonds qatari, la banque chinoise China Development Bank et le fonds singapourien Temasek devraient se partager le solde.
A Paris, L'Oréal a finalement perdu 2,07% à 64,93 euros, victime de la publication de ventes semestrielles décevantes. Le groupe de cosmétiques a en outre averti que la croissance annuelle du chiffre d'affaires devrait s'inscrire dans le bas de sa fourchette d'objectif, soit environ 6%. L'Oréal a en particulier été pénalisé par le ralentissement de son plus important marché, l'Europe de l'Ouest. Jean-Paul Agon, directeur général de L'Oréal a souligné l'ENVIRONNEMENT économique difficile auquel sa société est confrontée.
Le titre Air France-KLM a, lui, continué sa progression, entamée en milieu de semaine. La valeur a grimpé de 4,68% à 15,88 euros, soit une hausse de près de 16% en cinq séances. La raison de cette embellie est à chercher une fois de plus du côté des prix du pétrole. Le baril d'or noir a connu un net recul hier soir, et le brut léger américain s'échange aujourd'hui à 130,33 dollars, en retrait par rapport à son record historique de 147,27 dollars, enregistré vendredi dernier.
Les chiffres macroéconomiques
D'après les premières estimations d'Eurostat pour le mois de mai 2008, la zone euro a enregistré un déficit du commerce extérieur de 4,6 milliards d'euros avec le reste du monde, comparé à un excédent de 1,4 milliard en mai 2007.
A la clôture, l'euro cote 1,5848 face au dollar.
EN SAVOIR PLUS
ACTIVITE DE LA SOCIETE
L'Oréal, leader mondial des cosmétiques, intervient notamment dans les produits capillaires, les soins pour la peau, la protection solaire, le maquillage, le parfums et les produits de toilette. Dans la branche cosmétiques (98 % du chiffre d'affaires du groupe), les ventes se répartissent entre l'Europe de l'Ouest pour moins de la moitié, l'Amérique du Nord pour un quart d'entre elles et le reste du monde. Cette branche est divisée en quatre divisions : les produits grand public, les produits de luxe vendus en parfumeries, en grands magasins et en boutiques duty free, les produits professionnels, et enfin la cosmétique active, dont le chiffre d'affaires provient des ventes en pharmacies et espaces beautés spécialisés. PDG pendant 18 ans, Lindsay Owen-Jones a laissé en avril 2006 les commandes opérationnelles du numéro un mondial des cosmétiques, tout en restant président du conseil d'administration. La direction générale a été confiée à Jean-Paul Agon, qui dirigeait L'Oréal USA jusque là. L'Oréal développe Galderma, une activité dermatologique, conjointement avec Nestlé et possède 8,7% de Sanofi Aventis.
FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR
Les points forts de la valeur
- Depuis vingt-deux ans, l'Oréal affiche une croissance à deux chiffres de son résultat net opérationnel par action.
- L'Oréal bénéficie de la forte notoriété attachée à ses marques mondiales. En outre, le leader mondial des cosmétiques dispose d'une expertise marketing et de capacités d'innovation reconnues. L'Oréal s'appuie sur une réelle expertise misant sur la Recherche et le Développement et l'innovation.
- L'Oréal ne dépend pas d'une zone géographique (il s'est implanté dans les marchés émergents très vite) ou d'un type de réseau de distribution en particulier, surtout depuis l'acquisition de The Body Shop, ce qui lui confère des qualités défensives.
- Avec le rachat stratégique d'YSL Beauté, L'Oréal va renforcer sa division Luxe et compléter son portefeuille de parfums.
- Le titre bénéficie d'un important programme de rachat d'actions.
- Le vieillissement de la population est favorable à la vente de produits L'Oréal (cosmétiques et dermatologiques).
Les points faibles de la valeur
- La pression des distributeurs sur les prix pèse sur la dynamique des ventes du groupe en Europe.
- Les mouvements de concentration dans le secteur, avec notamment la fusion Procter & Gamble - Gillette, entraînent une intensification de la concurrence. L'Oréal ne peut plus miser, en Europe, sur la croissance externe, dans un marché concentré où il détient beaucoup de parts.
- L'Oréal connaît de réelles difficultés au Japon,deuxième marché mondial des cosmétiques.
- La structure de l'actionnariat du groupe suscite des interrogations à moyen terme. Depuis la fusion de L'Oréal avec son holding de contrôle Gesparal en 2004, la famille Bettencourt et Nestlé détiennent respectivement en direct 29,2 % et 27,9 % du capital. S'ils sont liés pour quelques années encore, ils recouvreront à terme leur liberté.
- Attention à la volatilité des marchés émergents.
COMMENT SUIVRE LA VALEUR
- Le secteur des produits de soin est généralement considéré comme relativement défensif et bénéficie d'une prime par rapport aux autres biens de consommation.
- Le groupe est sensible à l'évolution du dollar. Toutefois, pour limiter sa dépendance, L'Oréal a mis en place des stratégies de couverture et a implanté localement ses centres de production.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Luxe et cosmétiques
Le secteur du luxe devrait connaître encore de belles années : l'émergence d'une classe aisée dans les pays émergents constituera un fort relais de croissance. Cette tendance devrait s'accentuer d'ici à 2010 et compenser un éventuel ralentissement des marchés matures. Ainsi, le tourisme japonais, aujourd'hui en stagnation, est désormais supplanté par le tourisme chinois. A ce phénomène devrait s'ajouter la demande des pays enrichis par la flambée des matières premières, notamment ceux basés au Moyen-Orient, en Russie ou au Brésil. Sur le front de l'offre, les marques de luxe produisent de plus en plus dans les pays émergents pour deux raisons. La première tient aux coûts de production élevés en Italie et en France. La seconde, à la difficulté pour les groupes de trouver en France les compétences artisanales nécessaires à la fabrication de leurs articles. Quelques rares entreprises, en particulier Chanel, n'appliquent pas cette stratégie. Elles ont plutôt choisi de racheter des fournisseurs détenant des savoir-faire jugés stratégiques (portant sur la broderie, les plumes...) qui risquaient de disparaître.