En qualifiant ce matin dans "Les Echos" le secteur de l'énergie européen de "maelstr&*#8221;m", le P-DG du nouvel ensemble GDF Suez Gérard Mestrallet ne se doutait pas que le mouvement d'agitation intense qui anime le secteur depuis deux ans allait connaître une nouvelle actualité. Le groupe de BTP espagnol ACS a annoncé qu'il envisageait de vendre sa participation de 45,3% dans l'électricien Union Fenosa, numéro trois en Espagne, pour se renforcer sa participation de 12,5% dans Iberdrola. Conséquence, Union Fenosa bondit de 19,09% à 13,91 euros à Madrid. Iberdrola gagne 4,8% à 8,46 euros.
"Aucun type d'accord n'a été conclu à ce jour à ce sujet", a précisé ACS qui indique avoir eu des "conversations avec différents opérateurs du secteur énergétique pour la réorganisation du secteur espagnol".
La communication d'ACS était rendue inéluctable après la publication d'un article dans le journal économique espagnol"'Expanson" qui révélait que le groupe de BTP avait "décidé de sortir d'Union Fenosa pour concentrer ses efforts sur Iberdrola".
Le droit boursier espagnol oblige l'acquéreur de la participation d'ACS à lancer une OPA sur la totalité du capital d'Union Fenosa, a expliqué la quotidien, "ce qui ne manquera pas d'accélérer la réorganisation du marché énergétique en Europe".
Avant la flambée observée ce matin, Union Fenosa avait une capitalisation boursière de 10,7 milliards d'euros et Iberdrola, le numéro deux espagnol, de 40,3 milliards d'euros. Union Fenosa pourrait attirer de nombreux prétendants. Sa valorisation est modeste comparée aux géants du secteur comme EDF (94 milliards d'euros), le nouvel ensemble GDF Suez (90 milliards d'euros) et l'allemand E.ON (80 milliards d'euros). Hier soir, le titre Union Fenosa accusait une chute de 75% depuis le début de l'année.
EDF qui lorgne le marché espagnol depuis de longs mois profitera t-il de cette aubaine ? Selon le quotidien "ABC", ACS aurait trouvé un accord avec l'électricien français mais une porte-parole du groupe s'est refusée à tout commentaire.
Quelques semaines plutôt, EDF et ACS étaient entrés sans résultat en discussions pour une opération commune sur Iberdrola. Celui-ci s'était d'ailleurs farouchement opposé à EDF en lançant de multiples procédures auprès de la Commission Européenne pour contrer EDF. Lassé de cette guérilla, Pierre Gadonneix, le P-DG d'EDF, avait jeté son dévolu sur l'opérateur de centrales nucléaires British Energy.
Aujourd'hui, la configuration n'est plus la même. Le principal pour EDF sera de recevoir le feu vert du gouvernement espagnol. ACS, comme il l'a souligné lui-même, "respecte toujours la politique du gouvernement".
A la Bourse de Paris, EDF cède 0,43% à 51,40 euros contre un CAC 40 en hausse de 1,55%.
(P-J.L)
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Le verdict des parlementaires européens, rendu mi-juin, relance le débat sur la séparation patrimoniale des activités de production et de transport des électriciens européens. En effet, en obligeant les énergéticiens européens produisant de l'électricité à céder leurs réseaux de transport, il s'oppose à l'accord conclu le 6 juin dernier à Bruxelles entre les gouvernements des Vingt-Sept, qui laissait aux opérateurs le choix de céder ou garder leurs réseaux de transport. Ils se conforment néanmoins à la proposition initiale de la Commission Européenne, qui imposait dans sa directive de 2003 une séparation juridique entre la production et la distribution d'énergie. L'objectif étant de casser les monopoles et favoriser la concurrence au profit du consommateur final. Face aux ambitions du futur groupe GDF-Suez, et pour compenser ses pertes de part de marché en France avec l'ouverture du marché à la concurrence, EDF poursuit sa politique d'internationalisation. Il est ainsi prêt à payer 515 millions d'euros pour racheter les 25,5% de GDF dans SPE, numéro deux belge de l'électricité. Néanmoins cette opération risque d'être compliquée par le fait que le Britannique Centrica dispose d'un droit de préemption pour acquérir la participation de Gaz de France. EDF souhaite également acquérir British Energy pour un prix d'acquisition d'environ 14 milliards d'euros. Pour le moment le gouvernement britannique n'a pas donné son accord.