La débâcle de Wachovia (-7,14% à 13,27 dollars) à Wall Street aujourd'hui reflète la tourmente dans laquelle le secteur financier est plongé. La chute de plus de 7% à laquelle est confrontée la quatrième banque américaine fait suite à des déclarations pessimistes concernant ses résultats trimestriels. Wachovia s'attend désormais à une perte comprise entre 2,6 milliards et 2,8 milliards de dollars, soit 1,23 à 1,33 dollar par action. Stupéfaction sur les marchés financiers, puisque les analystes tablaient jusqu'à présent sur un léger profit, de l'ordre de 0,17 dollar.
Cette perte spectaculaire attendue s'explique par des provisions pour créances douteuses de l'ordre de 4,2 milliards de dollars, que Wachovia explique par la dégradation des marchés consécutive au credit crunch.
Ces révélations ont été accompagnées de l'annonce d'un changement de direction : c'est Robert Steel, un proche conseiller du secrétaire au trésor Henry Paulson, qui dirigera dorénavant Wachovia.
Sur les premiers mois de l'année, la situation financière de Wachovia est loin d'être au beau fixe : la banque est passée dans le rouge dès le premier trimestre avec une perte de 708 millions de dollars. La banque a été contrainte de passer d'importantes provisions, qui ont donné suite à une levée de fonds de 11,5 milliards de dollars auprès d'investisseurs depuis le mois de janvier.
A Wall Street, c'est l'ensemble du secteur financier qui est sanctionné, notamment sous le coup de l'inquiétude persistante autour des organismes de refinancement immobilier Freddie Mac et Fannie Mae. En milieu d'après-midi, celles-ci perdent respectivement plus de 20% et plus de 14% sur le marché américain.
Selon une étude de Lehman Brothers, les deux sociétés pourraient devoir faire appel au marché pour lever 75 milliards de dollars en tout.
(An. P.)
EN SAVOIR PLUS
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Finance - Banques
L'année 2008 sera marquée par une politique de rigueur des banques françaises. Le Crédit Agricole a prévu un plan de recentrage pour Calyon et va céder jusqu'à 5 milliards d'euros d'actifs d'ici dix-huit mois. Quant à Natixis, qui a vu ses profits chuter de 88% au premier trimestre, à 69 millions d'euros, elle a adopté un plan d'économies de 400 millions d'ici à 2009 (représentant une baisse de 10% des coûts fixes). Comme au Crédit Agricole, certaines activités de marché trop risquées seront réduites, voire arrêtées. D'après une étude du BCG (Boston Consulting Group), la crise actuelle justifie le modèle de banque universelle, diversifiée tant sur le plan géographique que sur celui des activités. Grâce à ce modèle, les banques françaises ont pu compenser les effets de la crise, qui a durement touché les activités de banque de financement et d'investissement. A contrario, la banque à l'anglo-saxonne, qui suppose des établissements spécialisés dans les activités de banque d'investissement ou de crédit aux particuliers, pourrait être remise en cause.