Alcoa a provoqué la surprise hier soir à Wall Street en dévoilant ses comptes du deuxième trimestre. Comme de coutume premier membre de l'indice Dow Jones à publier, le troisième producteur mondial d'aluminium a fait état d'un bénéfice net en baisse mais supérieur au consensus. Le géant américain a réussi à répercuter de façon plus importante qu'attendu la hausse des coûts des matières premières et de l'énergie sur ses propres prix de vente. Le groupe a également bénéficié d'une forte demande au niveau mondial. En Bourse, le pricing power paye : le titre gagne 1,67% à 32,87 dollars.
Au deuxième trimestre, Alcoa a réalisé un bénéfice net en baisse de 24% à 546 millions de dollars, soit 0,66 dollar par action. Les analystes interrogés par Thomson-Reuters tablaient sur 0,64 dollar. Le chiffre d'affaires a reculé de 6% à 7,62 milliards de dollars, supérieur au 7,36 milliards du consensus.
Le groupe a comptabilisé une charge exceptionnelle de 0,05 dollar liée aux problèmes techniques en Australie et dans son site texan de Rockdale.
Dans une conférence avec les analystes et journalistes, le directeur général d'Alcoa Klaus Kleinfeld a déclaré qu'il s'attendait à ce que l'offre d'aluminium reste en ligne avec la demande, et ce malgré le ralentissement des marchés aux Etats-Unis et en Europe. La croissance de la Chine devrait demeurer très solide, a t-il ajouté, avec une croissance de la consommation proche de 20% par an.
Confronté à la hausse des coûts des matières premières et de l'énergie, le groupe a relevé ses prix de vente. Le prix de l'aluminium vendu par le groupe s'est établi à 3,058 dollars la tonne, en hausse de 6,2% sur un an.
"C'est un trimestre assez solide", a commenté à Bloomberg Peter Klein, gérant chez Fifth Third Asset Management à Cleveland. "Le groupe a profité d'une hausse des cours de l'aluminium".
JP Morgan est plus mesuré. Malgré la hausse des prix de l'aluminium, le broker continue de penser que l'ENVIRONNEMENT d'Alcoa demeure compétitif en raison du haut niveau des coûts qui font pression sur les marges. Le bureau a relevé ses estimations de BPA 2008 de 2,18 à 2,30 dollars pour intégrer la hausse des cours de l'aluminium. Au final, la banque américaine a confirmé sa recommandation Neutre.
(P-J.L)
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Produits de base - Métaux
Selon Ernst & Young, 2008 devrait connaître une vague sans précédent d'acquisitions. Le cabinet s'attend ainsi à ce que Rio Tinto réalise cette année une opération de plus de 50 milliards de dollars. Après l'échec des pourparlers avec Xstrata, le cabinet anticipe également une opération de même envergure de la part de Vale afin de diversifier ses actifs et son implantation géographique. Ces opérations sont motivées par l'envolée des prix des métaux et donc des revenus des groupes et la possibilité qu'elles offrent de diversifier la nature des actifs miniers. A cela s'ajoute la capacité à réduire des coûts de production toujours plus élevés. Dès lors, il est plus intéressant pour un groupe de racheter des actifs miniers déjà existants que de financer pendant de longues années la découverte de nouveaux gisements. Ainsi, le groupe australien Macarthur pourrait se retrouver au coeur d'une bataille boursière entre géants miniers suite à la prise de participation de 15% d'ArcelorMittal dans son capital.