La semaine commence mieux qu'elle n'a fini pour ArcelorMittal (+2,39% à 54,32 euros). Les investisseurs profitent de l'annonce du rachat de plus de 5,3 millions d'actions pour se positionner à bon compte sur une valeur qui a perdu plus de 15% la semaine dernière. Le premier sidérurgiste du monde a essuyé d'importantes prises de bénéfices sur fond d'inquiétudes sur sa capacité à relever ses prix. L'action continue cependant d'être avec Vallourec et Alstom l'un des rares titres du CAC 40 à enregistrer encore un gain (+3,5%) depuis le début de l'année.
Ce matin, ArcelorMittal a annoncé le rachat de 5,3 millions d'actions la semaine dernière, au prix moyen de 56,09 euros et pour un montant total d'environ 297,78 millions euros. Sans surprise, le marché réagit positivement à l'annonce de ce type d'opération qui relève mécaniquement le bénéfice net par action du groupe.
La semaine dernière fut noire pour AcelorMittal et plus globalement le secteur de la sidérurgie à travers le monde. En Allemagne, ThyssenKrupp a cédé 17,6%, aux Etats-Unis, Alcoa a perdu 4,4%. Pour la Deutsche Bank, ce mouvement baissier s'explique principalement par les doutes qui planent sur la capacité des acieristes à répercuter intégralement la flambée des matières premières à leurs clients.
Selon le broker cité par "La Tribune", les dernières nouvelles "ont tourné autour d'un refus des clients de consentir aux relèvements de tarifs au troisième trimestre en Europe et d'un taux de réussite plus bas qu'espéré des hausses de prix aux Etats-Unis", mettant à mal la capacité à répercuter leurs coûts.
"Nous n'avons jamais pensé que les sidérurgistes parviendraient à faire passer à 100% leur surcharge de 250 dollars par tonne en 2008. Nous pensons donc qu'un taux de réussite de 50% dans cette situation est positif", a toutefois relativisé le bureau d'études.
Pour Deutsche Bank, a rapporté "La Tribune", "si les clients ne paient pas en 2008, ils paieront en 2009", ce qui incite la banque allemande à réitérer sa recommandation d'Achat sur les valeurs de l'acier, jugées "peu chères" et soutenues par les pays émergents et la consolidation du secteur.
(P-J.L)
EN SAVOIR PLUS
ACTIVITE DE LA SOCIETE
ArcelorMittal, issu de la fusion en juillet 2006 d'Arcelor et de Mittal Steel, est le numéro un mondial de l'acier avec une capacité de production annuelle d'environ 130 millions de tonnes par an, soit environ 10% de la production mondiale d'acier. Le groupe est présent dans quatre domaines d'activités : il est le premier producteur mondial dans les Aciers Plats Carbone, activité principale du groupe avec plus de la moitié du chiffre d'affaires, et les Aciers Longs Carbone, l'un des leaders mondiaux pour la production d'Aciers Inoxydables, et parmi les premiers en Europe pour le secteur Distribution-Transformation-Trading. L'entreprise s'est fixé pour objectif de développer ses positions en Chine et en Inde, deux pays dont les marchés sont en plein essor.
FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR
Les points forts de la valeur
- ArcelorMittal bénéficie des synergies dégagées par la fusion signée fin juin 2006.
- Le groupe investit en Inde et en Amérique Latine pour capter la croissance des pays émergents et accroître ses capacités.
- Le titre demeure la valeur préférée de nombreux analystes au sein du secteur en raison de sa rentabilité et sa capacité à relever ses prix.
Les points faibles de la valeur
- Le groupe demeure encore relativement peu présent aux Etats-Unis.
- Comme les autres grands groupes sidérurgistes, ArcelorMittal affronte la concurrence des pays émergents qui tirent les prix de l'acier vers le bas.
- Comme ses concurrents, le groupe doit accepter les hausses des prix de ses fournisseurs, en particulier dans le minerai de fer.
COMMENT SUIVRE LA VALEUR
ArcelorMittal est une valeur cyclique, qui est très liée à la conjoncture économique. A ce titre, l'évolution de ses prix et débouchés est à surveiller.
-A suivre également, l'évolution du prix des matières premières entrant dans la fabrication de l'acier. C'est particulièrement le cas du minerai de fer, qui représente environ 30 % du coût des achats des producteurs d'acier.
- La concentration dans le secteur de la sidérurgie reste à l'ordre du jour dans la mesure où les dix premiers sidérurgistes ne contrôlent que le quart du marché de l'acier alors que leurs fournisseurs de minerai de fer sont concentrés à l'extrême. Deux compagnies assurent la majorité de l'extraction mondiale.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Produits de base - Métaux
Selon Ernst & Young, 2008 devrait connaître une vague sans précédent d'acquisitions. Le cabinet s'attend ainsi à ce que Rio Tinto réalise cette année une opération de plus de 50 milliards de dollars. Après l'échec des pourparlers avec Xstrata, le cabinet anticipe également une opération de même envergure de la part de Vale afin de diversifier ses actifs et son implantation géographique. Ces opérations sont motivées par l'envolée des prix des métaux et donc des revenus des groupes et la possibilité qu'elles offrent de diversifier la nature des actifs miniers. A cela s'ajoute la capacité à réduire des coûts de production toujours plus élevés. Dès lors, il est plus intéressant pour un groupe de racheter des actifs miniers déjà existants que de financer pendant de longues années la découverte de nouveaux gisements. Ainsi, le groupe australien Macarthur pourrait se retrouver au coeur d'une bataille boursière entre géants miniers suite à la prise de participation de 15% d'ArcelorMittal dans son capital.